Vincent Almendros, Sous la menace

Vincent Almendros, Sous la menace

Monstre va

Vincent Almendros est un auteur de la nouvelle génération dans la lignée de Jean Echenoz, Christian Oster et Jean-Philippe Toussaint. Son art poétique se résume en ce qu’il précise : « Ecrire. Puis raturer. Et recommencer. Pour le reste, on verra bien ce que ça devient. » Le prouve son nouveau roman qui une nouvelle fois s’attache à décrire l’infiniment petit pour un effet de sens plus grand.

Celui qui à l’âge de 13 ou 14 ans venait de lire un poème qui l’avait bouleversé avait tenté de comprendre comment, avec des mots, un auteur avait pu provoquer cela. Il  a pris une feuille et un stylo pour commencer à écrire et  n’a plus arrêté.
Par exemple, son premier roman Ma chère Lise, rappelant Lolita, impressionnait déjà par la maîtrise de la narration et l’économie de mots. Son nouveau roman est toujours aussi minimaliste. Il emporte le lecteur dans un huis clos des sentiments et des petits secrets de famille. Chacun dans son livre dévoile ce qui ne déroge pas à une règle particulière.

S’y raconte quelque chose d’intime, que le romancier ne modifie toujours par rapport au réel ou qu’il invente pour ressembler du vécu. Ici, le narrateur âgé de onze ans passe déjà aux yeux de sa génitrice pour un voyou. Il n’est pas bien dans sa peau : « des poils duveteux dessinaient, sous mon nez, les prémices d’une moustache. Mes épaules s’étaient élargies et de rebutants boutons d’acné gravelaient mon front et mes joues. Au collège Irène-Joliot-Curie, on se moquait de moi. »
Et en conséquence, pour exister, il ne rate pas les bêtises qui s’offrent à lui malgré ou à cause de cette mère . Elle nelle supporte plus et ne manque pas de lui faire savoir, même si dans une certaine logique le fiston ne s’en soucie guère.

Les épisodes s’enchainent avec drôlerie – enfin presque. Car, et entre autres, le père a été victime d’un accident et depuis « Dès que nous allions le voir, nous faisions un crochet par le Jardiland de Changy-en-Vexin pour lui acheter des fleurs. » Une plante que la mère confie malgré tout à l’insupportable garnement qui lui en fait voir de toutes les couleurs.
Plus particulièrement depuis que le principal du collège cette mère a convoquée pour lui signifier : il n’a plus  le droit de remettre les pieds dans l’établissement jusqu’au conseil de discipline.

Dans cette histoire, entre autres d’une sœur et d’un grand père, la maternelle après tout fait ce qu’elle peut. La bougresse persévère en lieu et place d’un père sévère. Elle le garde à l’œil car comme l’enfant se proclame lui-même « Avec l’arrivée de la puberté, j’étais en train de devenir un monstre ».
Et c’est ainsi que nous assistons à sa naissance.  Il reste sans qualités. Bien des bémols seront émis. Mais il s’agit désormais d’un Monstre, monstre à demi. A Almendros d’en faire allégaence et le contraire.

jean-paul gavard-perret

Vincent Almendros, Sous la menace, Editions de Minuit, 2024, 144 p. – 17,00 €

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