Tarn Richardson, Les Déchus
Quand l’Inquisition se déchaîne…
Avec La Main noire, Tarn Richardson développe une trilogie de thrillers où il mêle fantastique, faits historiques et ésotérisme, mieux qu’un hommage réjouissant aux séries Z. Après Les Maudits (10/18 – 2024), il propose Les Déchus avant la parution du troisième volet Les Ressuscités. Pour les plus impatients celui-ci est disponible en grand format chez Sonatine.
L’action se déroule pendant la Première Guerre mondiale et se partage entre les combats, ses conséquences, et l’Inquisition. Cette structure, la plus dévote, la plus secrète de l’Église catholique, est investie par La Main noire, des factieux qui veulent bouleverser l’organisation et favoriser le retour de l’Antéchrist.
Le héros est Poldek Tacit, recueilli enfant par un prêtre qui l’a pris sous son aile. Élevé au Vatican, il devient un des meilleurs inquisiteurs. Celui-ci a perdu l’amour de sa vie quand Mila est cruellement assassinée. Mais sa rencontre avec sœur Isabella lui redonne des sentiments.
Ayant été amené à tuer un cardinal à Amiens, Poldek est emprisonné dans les geôles de l’Inquisition à Toulouse où il est vilainement torturé. Parallèlement, à Rome, Isabella, une des meilleures agentes de la Chasteté, est aux prises avec des inquisiteurs adeptes de La Main noire. Elle est sauvée par Henry Frost, ce lieutenant anglais rencontré sur la Somme et qui a déserté par amour.
Au Vatican, la lutte est âpre. Certaines hautes personnalités se seraient livrées à des rituels sataniques et à de la magie noire. Le nombre de possessions démoniaques ne cesse d’augmenter.
Sur le front austro-hongrois, le jeune soldat Pablo Gilda, amené par de mystérieux prêtres, rejoint les troupes italiennes sur les hauteurs inquiétantes du Karst. Il possède six doigts à chaque main.
Mais quand Salamanca annonce à Tacit qu’Isabella est morte, la seule personne pour qui ce dernier ressent encore des sentiments, il sent une force énorme l’envahir. Il se libère de toutes les chaînes, massacre son tortionnaire et il part venger la mort de cette jeune femme…
Le romancier, pour ses descriptions, ne manie pas la langue de bois, ne masque pas la réalité avec des périphrases, des termes affadis. Il décrit les séances de torture subies par le héros, fait déferler des loups-garous dans les villes, fait état de rituels sataniques, de magie noire et de possessions démoniaques.
Ce second volet monte d’un cran dans le paranormal et le fantastique, dans l’horreur et les complots. L’Inquisition en prend pour son grade comme le Vatican, les religieux, évêques et autres cardinaux.
Avec un récit au rythme endiablé aux actions toniques, du sang, des cadavres, des créatures maléfiques, Tarn Richardson donne une intrigue riche en péripéties, coups de théâtre et rebondissements.
Il intègre des batailles éclipsées de la première Guerre mondiale comme ce front austro-hongrois qui a coûté la vie à plus de 500 000 soldats. Les conditions extrêmes sur ce front amenaient les soldats italiens à vouloir être envoyés sur le Somme. Ce qui est peu dire !
Un roman très attractif pour les structures mises en scène, la profondeur des personnages et l’intrigue riche, très riche en actions.
serge perraud
Tarn Richardson, Les Déchus (The Fallen), traduit de l’anglais par Charles Bonnot & Sigolène Vivier, Éditions 10/18, n° 6018, coll. Polar, février 2025, 552 p. – 9,60 €.