Sophie Patry & Jean-Michel Maubert, Fragmentations – d’un corps
Nue, la photographe Sophie Patry s’efface ou plutôt se laisse glisser et se retient en des pans qui dessinent un barrage. Le voyeur apprend à attendre ce qui ne viendra jamais. Une lampe est allumée dans une chambre mas il dormira à la belle étoile sans souci de savoir qui il est, où il va (sachant d’ailleurs la fin de tout voyage).
Le poète Jean-Michel Maubert crée ce qui est une rhapsodie avant d’être un calcul. Il bouleverse l’œil, donne la beauté sans visage. Il restera sa page dérobée. La lumière est ramenée sur le corps et ce qui le recouvre appelle à la vadrouille.
Mais la femme n’est plus l’esclave du fantasme. Sa « danse » fixe ses fragments jusqu’à une frontière infranchissable. Un tel échange ignore en conséquence l’outrance ou l’illusion. Et si la photographe recule ses seuils de franchissement, l’écriture la rejoint et scelle un destin.
La femme est nue comme un ciel entre hier et demain dans sa chorégraphie immobile et mutique. Demeure la gravité de l’écriture : c’est une manière de se perdre ou de tout livrer comme la vie la plus brute, inattendue.
jean-paul gavard-perret
Sophie Patry et Jean-Michel Maubert, Fragmentations – d’un corps, Editions LPB, 2024,72 p. – 15,00 €.
