Sol erre

Sol erre

Le soleil, comme la mort, est un objet. Les deux ne se regardent pas en face. Certes, sa lumière conditionne la possibilité d’écrire non sans quelque effet de vertige. Toutefois et en face, les mots ne sont pas de simples choses, mais des verres foncés afin que l’astre de feu soit détourné de son aveuglement. Ils le décrivent selon des formes métaphoriques ou des expressions variables face à l’impuissance de notre défection organique.

En conséquence demeure la possibilité d’écrire quelque chose de pourri, de raté. C’est même l’excès de la poésie. Elle donne au soleil tous les noms qu’elle veut mais aucun n’en rend raison tant l’écriture déforme toute forme qui, et soit dit en passant, vient d’un en deçà ou d’un au-delà quels que soient les mesures finies des figures et intentions expressives. Reste pourtant la question essentielle : faut-il que la poésie se haïsse elle-même ?

Photo : Sylvie Aflalo-Haberberg

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