Richard Meier, Soleil typographique
Et si Richard Meier était le dernier donc le premier des Surréalistes ? Comme eux, il a compris la limite du roman.
Les mots y gardent le rôle de signes ? Dès lors, peu de pitié pour eux : Meier les transforme et en use comme dessin et dessein.
Soleil typographique les fait briller, là où l’espace comme le temps s’étale sans souci de les remplir forcément. Là où aussi, « à la lettre », la création plastique reprend ses droits quand l’espace et les images deviennent non support ou illustration mais parangons d’élévation.
La pensée s’incarne en s’échappant et en étant sujette à d’autres fièvres que celle du signe. Ici, il devient indomptable dans la « piqûre » telle que Meier l’aventure et la pratique.
Et le corps du livre échappe à la seule matière par l’incandescence du blanc qui en devient la naissance.
Il n’est plus ciselé d’intelligence artificielle et il n’est plus le tombeau que craignait Mallarmé. Si bien que l’ouvrage est beau de lumière et non d’ombres dans ce qui devient, page par page, des comètes sans mouvance pour plonger d’une certaine manière au cœur d’un songe et un halo d’énigmes et de rêves.
C’est ainsi que les trous noirs des signes comme de l’univers s’évaporent dans le blanc solaire et les images qui en expliquent les rotations.
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Soleil typographique, Editions Voix Richard Meier, Elne, 2022.
