René Belletto, Jean-Sébastien Bach
Bach ground
Belleto réapparait après de longues années d’absen
ce. Depuis L’Enfer, il est question beaucoup de musique dans ses romans. Et ce n’est pas étonnant de le retrouver ici en compagnie de Bach.
L’écrivain est en effet musicien et musicologue passionné, guitariste. Et il propose ici une série de brefs paragraphes consacrés à l’art, à l’oeuvre, à la vie, et aux interprétations du compositeur en ouvrant au passage d’autres voies sur la littérature.
Celle de Belletto répond aux obsessions monothématiques, aux répétitions, renversements, ou fugues et fuites et aux recherches du compositeur qui, selon l’auteur, donne l’impression « d’être devenu un autre » pour en dire plus sur l’être humain.
Il est d’ailleurs le premier à parler explicitement de lui-même dans ses œuvres où l’obsession se mue en destin et où la mort est prévue dans sa programmation. Bref, il y a aussi et par avance du Kleist et du Kafka chez Bach. Et ce, avec la musique pour consolante en attendant la consolation de Dieu, même si l’amour sauve qui peut.
Belletto rappelle à ce titre le chant que Bach écrivit à l’intention de sa deuxième épouse : « Si tu es près de moi / J’irai avec joie / Vers ma mort et vers mon repos / Combien ma mort serait heureuse / Tes douces mains fermeraient mes yeux fidèles. »
Si bien que, pour un tel auteur, tout l’art de Bach demeure une lutte pour la vie, dès que, orphelin, il a dû travailler pour ramener à la maison l’argent de sa subsistance puis s’est épuisé pour se faire une place musicale (la première toutes époques et toutes catégories confondues) pour nourrir sa propre famille.
jean-paul gavard-perret
René Belletto, Jean-Sébastien Bac, P.O.L éditeur, novembre 2023, 112 p. – 14,00 €.