Régis Debray, Civilisation – Comment nous sommes devenus Américains
Régis Debray évoque – avec une verve ironique de plus en plus roborative – la feinte d’incarnation de la civilisation que la France prétend encore jouer. Comme bien des pays, elle est devenue depuis les deux guerres mondiales le clone de la civilisation nord-américaine. Avec d’autres pays elle a contribué à construire celle qui en a eue raison. Qu’on se souvienne par exemple comment la peinture au milieu du siècle dernier quitta l’Europe pour le nouveau monde. Toutefois, cela est vieux comme lui : les civilisations naissent, passent et trépassent selon diverses formulations.
Debray rappelle le peu que nous sommes devenus. Que reste-t-il de notre coq lorsque, et entre autres, sur le plan numérique nous dépendons totalement de l’Amérique ? Microsoft, Google et tous « nos » outils du futur font de nous leurs manœuvres voire leurs esclaves. Pour autant, l’auteur n’en fait pas une choucroute (versus le fast-food). Et de s’amuser à illustrer son propos de « l’invariable grammaire des transferts » qui eut lieu de la Grèce antique vers l’Empire de Rome. Ce retour amont permet de ramener en pleine face une réalité où les tensions et divisions picrocholines amusent l’essayiste.
Devenu un vieux sage, il fait preuve d’une autre pertinence que tous les « panseurs » médiatiques dont Glucksmann fils, recycleur des vieilles lunes paternelles. Que les imprégnations de notre culture par l’américaine soient irrévocables, à une époque Debray s’en serait offusqué. A l’inverse d’un Mélenchon gourou stalinien de ceux qu’il nomme avec mépris « les gens », il sait désormais que les remèdes qu’il proposa dans sa jeunesse n’étaient qu’emplâtres sur jambe de bois.
D’un tel livre, il sera peu question sans doute : il tombe mal. Son diagnostic n’est pas de ceux qu’on aime relayer dans des temps d’élection. La décéptivité inhérente à un réel incontournable est toujours mal portée en temps d’infantilisme médiatique.
jean-paul gavard-perret
Régis Debray, Civilisation – Comment nous sommes devenus Américains, Gallimard., coll. Blanche, 2017.
2 réflexions sur « Régis Debray, Civilisation – Comment nous sommes devenus Américains »
Avec le plan Marshall nous sommes devenus Américains. EXACT et il n’est pas nécessaire d’aller cherche midi à quatorze heures. Le plan prévoyait que la France projette les films américains, car comme le disait H.Ford « où passent nos films, nous vendons facilement nos automobiles » . Or les films américains montrent les manières vivre des américains et notamment l’habitat . Les intérieurs . A partir de ce moment là le mimétisme a joué. Les femmes françaises on souhaité le côté propre , facile et pourquoi pas en mettre plein la vue aux voisines . LES américains ont créé l’envie . Bref il savent vendre.
Ceci a abouti à ce qu’aller à New York est une banalité . Les « conseillers artistiques » autrement dit les missi dominici de l’art contemporain sont en quasi permanence à New York . Formés à la même » école », ils « conseillent les régions française pour ne pas dire qu’ils forcent les achats – car l’état subventionne à 50% ; Et oui les élus ont le devoir de prendre ce que l’état propose car ils ont la culture de courir après toutes les « aides ». C’est ainsi que toutes les régions française possèdent les œuvres des mêmes artistes.
Bien entendu tout ce beau monde parle américain . Allons voir du côté de l’Angleterre . Lorsque qu’au 12ème siècle le roi d’Angleterre est un Français, ses écrits sont en Français . Les Anglais ont alors prononcé les mots français à l’Anglaise ; d’où cette idée que si nous adoptons les mots américains, il n’est guère efficace de chercher à les traduire . Il suffit de les prononcer à la Française – et le tour est joué . Il n’est quand même pas difficile de dire Drive au lieu de DraÏlleve … et ainsi de suite . Les Anglais semblent être beaucoup plus malins que nous .
Si je réponds à cette publication c’est que ce livre n’apporte rien à la compréhension de l’Amérique et de son influence. Debra n’a jamais vécu fou travaillé en Amérique et il ne la connait pas. Au contraire comme grand expert des Etats-Unis où j’ai vécu et travaillé 35 ans, j’ai publié grand nombre de livres sur ce pays. » C’est mon Amérique aussi », » American Gothic » » Rencontres insolites aux USA »