Michel Falempin, Affaires de genres et autres pièces de fantaisies
Michel Falempin diaphane Diogène
J‘ai découvert Michel Falempin avec son premier livre L’écrit fait masse (1976) grâce à l’éditeur Henri Poncet. Je n’ai jamais quitté cet auteur discret et explorateur de la littérature et de ses arcanes. Il est sans doute trop orfèvre pour devenir le chouchou des critiques eux-mêmes. Ils ont fait trop souvent l’impasse sur des livres qui – comme celui-ci – se nichent moins au sommet des statues médiatiques que dans les soubassements de l’humain et de la littérature.
Celle-ci devient ici « le moins tangible possible » mais fait pourtant que l’écriture pèse de tout son poids sous ses « tarabiscots » aux biscottos d’une souplesse extrême qui permet d’aller dans les arrières-plans de la pensée.
D‘une cime à l’autre, d’une cigarette à l’autre en des brasseries parfois douteuses, Falempin retient ce que les autres écrivains ignorent. Son malin génie saisit des situations aussi graves que drôles dans la traversée des genres littéraires. Chaque rêve ou point de vue de ce texte tient autant du journal intime, de la matières de rêves que de la divagation « farcesque » (mais pas seulement, tant s’en faut).
Il s’enfonce dans les plis de l’être et du monde. Car si c’est bien de l’âme dont l’auteur parle, en ce haut il n’oublie pas le « bas ».
Un mot de Nietzsche, une rue (Lepic) permet d’introduire une réflexion sur l’existence de Dieu et sa réfutation. Le tout de proximités en éloignements et vice-versa, là où tout accouche pour mettre à mal les confusions crédules que des écrivains plus en cours tissent sans la moindre honte. Falempin pour sa part est plus scrupuleux même ou surtout lorsqu’il s’agit des femmes.
Et ce, en tentant d’éliminer les confusions qui assaillent tout être dit vivant.
En ce sens l’auteur est un grand un grand philosophe. Mais pas n’importe lequel : moins Pyrrhon que Diogène. Du moins tel que l’auteur le et se rêve et que, nous dit-il, « il faut imaginer diaphane ». Ce qui, ajoute-t-il, est « un cas de folie rapporté par Cervantès ».
Faisons lui confiance les yeux fermés. Mais néanmoins ouverts dans cette descente aux enfers à ne plus savoir qu’en faire.
jean-paul gavard-perret
Michel Falempin, Affaires de genres & autres pièces de fantaisies, Co-édition, Héros-Limites, Genève et Eric Pesty Editeur Marseille, 2020, 174 p. -18,00 €.