Marion Grébert, Pourquoi les fleurs – Un autre voyage en Italie

Marion Grébert, Pourquoi les fleurs – Un autre voyage en Italie

Après avoir travaillé sur les XIXe et XXe siècles, Marion Grébert étend son champ de réflexion sur la modernité prise des images, en croisant diverses approches (iconologie, histoire culturelle, anthropologie, épistémologie). Elle s’intéresse particulièrement à la manière dont notre volonté de faire des images (des dessins pariétaux paléolithiques aux œuvres conceptuelles d’avant-garde de la deuxième moitié du XXe siècle) correspond à un désir de faire des expériences de disparition.

Son parcours est imbibé de la prégnance de la littérature et de la poésie dans son approche historique des arts, ses propres pratiques artistiques (entre autres la photographie) depuis plus de quinze ans. En quête d’invention d’une écriture personnelle, elle rassemble ses différentes activités et ses positionnements entre université, champs de l’art et une discipline académique liée à sa propre intuition créatrice.

Ici, 24 chapitres organisent « un autre voyage en Italie ». Marion Grébert joue avec un champ large de la littérature en passant sur la romantique spécifique : celle du Grand Tour italien qu’à sa manière déjà Stendhal perdura. Mais l’auteure a visité une quarantaine de villes et de lieux picturaux et littéraires en quête de fleurs. Et ce, du passage entre la République et l’Empire romain antique jusqu’à l’Italie post-fasciste de Pasolini.

Le mouvement de cette écriture se déploie au au contact de la flore italienne, des jardins romains antiques, de l’invention picturale du jardin marial avec l’ « hortus conclusus » chrétien, l’art de la nature des paysages vus par Giotto, Fra Angelico, les paysages géométriques mentaux de Léonard de Vinci et la banlieue de Pasolini, l’Ostie, où il trouva la mort.

Pour Marion Grébert, les fleurs détiennent « un savoir sans savoir, un savoir antérieur au savoir. Elles nous font connaître le plus secret de nos phénomènes culturels, grands et petits, non pas à leur origine, mais dans l’antériorité d’eux-mêmes ». Le livre réunit le trivial et merveilleux des fleurs, dans le quotidien comme dans les œuvres.

Mais celles-là gardent leur présence dans nos vies quotidiennes et dans les arts, et cette persévérance permet aussi de connaître ce qui est arrivé et aussi ce qui peut devenir là où la question écologique est en filigrane en un tel travail profond, pertinent et subtile. Preuve que les fleurs tiennent parfois une place faussement insignifiante. Elles restent puissantes tant elles retracent une longue métamorphose sensible des formes et du regard.


Marion Grébert, Pourquoi les fleurs – Un autre voyage en Italie, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2025, 352 p. – 25,00 €.

Laisser un commentaire