Laurent Margantin, Erres, Le premier couloir & Fragments australiens
La, ou plutôt les résolutions de Margantin résistent à ses doutes.
Sa poésie est là pour tamiser des gravats dans ce qu’il y a à fragmenter plus qu’à déconstruire (verbe commode et tuberculeux).
Son recueil Erres, par son nom même, suggère un foisonnement. Existent bien sûr l’errance mais aussi plusieurs autres définitions. Nous suivons l’auteur dans ses déambulations au coeur du silence, des forêts dont la poésie épouse les formes jusqu’à, pour suggérer le premier, s’éparpiller, se perdre tout en y reconnaissant un chemin.
Ils mènent vers ce dedans « inconnu à soi-même / un point de l’esprit » au sein d’une étreinte aussi psychique que géographique pour « éclairer le présent / qui manque quelquefois de clarté / où demeurer ».
Le premier couloir et Fragments australiens mènent vers d’autres chemins plus cruels. Pour preuve et dans le premier de ces textes, un maître sadique « pour commencer la journée nous fait crier le chant du premier couloir dont le refrain est bétonner bétonner oh oh oh faut bétonner, tout en chantant faut lever les bras le plus haut possible tendre le corps au maximum en nous dressant sur la pointe des pieds ».
Et le martyre continue, avant que « les corps se détendent retombent sur leur chaise, épuisés par l’effort qui a duré plusieurs minutes, ça plusieurs fois par jour environ une fois par heure. »
Deux dimensions de l’écriture prennent donc corps en de tels ouvrages qui ne peuvent laisser indifférents dans leurs chemins de traverse.
jean-paul gavard-perret
Laurent Margantin,
– Erres, Tarmac éditions, 2022,
– Le premier couloir & Fragments australiens, Derrière la Salle de bains, Rouen, 2022.
