Laurent Fourcaut, Un morceau de ciel
Précédés de l’extrait d’une lettre de Baudelaire qui contient le titre, ces sonnets rappellent que que « la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense » mais qu’elle s’adapte à tout. Pour preuve, chez Fourcaut tout est cassé : « le corps féminin aux multiples avatars ». Comme des récits où tout se perd même le « pain », des mots disparus reviennent ou ajoutent des expressions triviales au besoin. De même que des citations verbales (Eluard, Vigny, Proust par exemple). L’Antiquité trouve sa place et la musique aussi venant de toutes parts – de Bach, Haydn à Keith Jarrett.
Le poète utilise le cass échéant ce et ceux qu’il rejette – Claudel par exemple est qualifié de « grand poète comique ». Mais tout est un concentré de poème pour ouvrir un accès au « divin et inhumain monde réel « . Certes, ce monde coule mais existent de multiples aspects du « mirage absolu de l’avoir ».
Son sens n’est donc plus lissé même si des merveilles pourraient bien disparaître. Mais, hors la destruction du temps, le macabre ou le mal ne font pas tout. Fourcaut, toutefois, s’est offert (pour nous) comme par défaut un don de la beauté. Elle reste imminente et même parfois lyrique.
D’où cette sorte d’hommage matriciel. Et nous pouvons accepter même les éléments de « poussière et de suie ». Le réel, d’une certaine manière, sauve dans ce gouffre, ce chaos où une source domine.
jean-paul gavard-perret
Laurent Fourcaut, Un morceau de ciel, Éditions Tarabuste, collection DOUTE B.A.T., 2024, 192 p.- 16,00 €.