La distance (Tiago Rodrigues)

La distance (Tiago Rodrigues)

© Christophe Raynaud de Lage 

Il y a sur scène quelques restes d’arbres, des branches qui s’enchevêtrent, au pied desquelles se trouvent quelques photographies. Un homme déambule, pensif ; il considère longuement les clichés. Il s’exprime enfin, présente son discours avec difficulté, modalise son récit, déclare son objet improbable, impossible. Adama Diop s’amuse avec le texte, qui présente tantôt des raisonnements conduisant à des conclusions contradictoires. Il y a d’abord la nouvelle, puis l’interrogation. La restitution d’un souvenir est l’occasion de rappeler l’attachement d’un père à sa fille. L’intervention de celle-ci, d’abord plaisante, prend vite un tour métaphysique, dans la mesure où son propos concerne sa découverte de la vie sur une autre planète. 
Le propos a une dimension politique, dans la mesure où l’événement a pour toile de fond l’opposition des républicains aux dominants, dont l’élite va constituer la communauté des oubliants, ceux qui aspirent, en se renouvelant, à réinventer l’humain. Les deux personnalités sont bien incarnées : celle d’un père possessif, attachant parce qu’attaché, une jeune femme rationnelle et déterminée, attirée par l’inconnu, bien campée par Alison Deschamps. 

Le plateau tourne pour passer d’un personnage à l’autre ; sa vitesse s’accélère lorsque le rythme et la densité des messages s’accroissent. La complémentarité entre tous les aspects (sonores, visuels, le jeu contrasté des protagonistes) est née de l’élaboration collective du spectacle écrit au plateau en tenant compte des avis des participants pour déployer la trame narrative à partir d’éléments initiaux (le thème, la forme de la scène). Le spectacle est habité ; la tension qu’il exprime (entre un père et sa fille, entre deux classes sociales, entre deux milieux hostiles, entre deux visions de l’humain) se constitue progressivement et rétrospectivement, à travers le récit de réactions personnelles à des situations antérieures. 
Sont mises en évidence deux formes d’humanité dégradée : celle qui est remise en cause par l’hostilité de son environnement, celle qui mise sur la conquête, au risque de s’abolir (le perfectionnement entraînant sa disparition). On interroge ainsi le processus de destruction de la culture, ce réinvestissement toujours recommencé du passé. On comprend que le dialogue est voué à s’achever par une destitution de la possibilité de communiquer. Le propos est émouvant et bien senti, même si l’on peut juger qu’il joue sans doute, à terme, par exemple dans la lettre d’adieu, à l’excès sur la corde sensible. 

Texte et mise en scène Tiago Rodrigues 

Avec Alison Dechamps, Adama Diop

Traduction Thomas Resendes ; traduction pour le surtitrage Daniel Hahn (anglais) ; scénographie Fernando Ribeiro ; costumes José António Tenente ; lumière Rui Monteiro ; musique et son Pedro Costa ; collaboration artistique Sophie Bricaire ; assistanat à la mise en scène André Pato ; stagiaire à la mise en scène Thomas Medioni. 

Spectacle créé le 7 juillet 2025 à Avignon. 

Tournée 
10 et 11 septembre 2025 au Divadlo International Theatre Festival (Pilsen, Tchéquie) 
17 et 18 septembre 2025 au Plovdiv Drama Theatre (Bulgarie). 
1er au 5 octobre 2025 à Malakoff Scène nationale – Théâtre 71 
10 et 11 octobre 2025 De Singel (Anvers, Belgique). 
15 au 17 octobre 2025 au Maillon – Théâtre de Strasbourg Scène européenne 
22 au 24 octobre 2025 au Teatro Stabile di Napoli (Italie). 
5 au 7 novembre 2025 à La Comédie de Clermont-Ferrand Scène nationale 
13 au 23 novembre 2025 au Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse). 
26 et 27 novembre 2025 à la MC2 Grenoble 
1er décembre 2025 à Équinoxe Scène nationale de Châteauroux. 
15 au 18 janvier 2026 au Centro Dramático Nacional (Madrid, Espagne) 
21 au 25 janvier 2026 au Teatre Lliure (Barcelone, Espagne). 
29 et 30 janvier 2026 au Bateau Feu Scène nationale de Dunkerque 
3 et 4 février 2026 au Volcan Scène nationale du Havre. 
7 au 10 mai 2026 à Onassis Stegi (Athènes, Grèce) 
15 et 16 mai 2026 au Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa (Milan, Italie). 
21 et 22 mai 2026 au Théâtre de Grasse – Scène conventionnée d’intérêt national Art & Création 
27 et 28 mai 2026 à Scènes et Cinés – Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire (Istres). 
2 et 3 juin 2026 au Théâtre du Bois de l’Aune (Aix-en-Provence) 

Production 

Festival d’Avignon Coproduction Teatro stabile di Napoli Teatro Nazionale (Naples), Onassis Stegi (Athènes), La Comédie de Clermont-Ferrand Scène nationale, Divadlo International Theatre Festival (Plzeň), Le Volcan Scène nationale du Havre, Teatre Lliure (Barcelone), Centro Dramatico Nacional (Madrid), Malakoff Scène nationale Théâtre 71, Culturgest (Lisbonne), De Singel (Anvers), Équinoxe Scène nationale de Châteauroux, Points communs Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise, Piccolo Teatro di Milano Teatro d’Europa (Milan), Maillon Théâtre de Strasbourg Scène européenne, NTCH Taiwan National Theatre and Concert Hall, Les Célestins Théâtre de Lyon, Théâtre du Bois de l’Aune (Aix-en-Provence), Théâtre de Grasse Scène conventionnée d’intérêt national Art & Création, Scènes et Cinés Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire (Istres), Le Bateau Feu Scène nationale de Dunkerque, Plovdiv Drama Theatre, Malta Festival (Poznan), Espace 1789 (Saint-Ouen). 

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