
Julia Bartz, La Reine du noir
Quand l’écriture mène la danse
Alex, en compagnie de Pete, un collègue de travail, assiste au lancement du roman d’Ursula, qu’elle a connue lors d’un atelier d’écriture. Mais elle est terrorisée à l’idée de croiser Wren, sa meilleure amie qu’elle n’a pas revue depuis la fête d’anniversaire de celle-ci, presque un an plus tôt, un jour horrible.
Toutes deux sont des zélatrices de Roza Vallo, une grande prêtresse du roman d’horreur. Celle-ci se tient à l’écart d’une vie publique. Aussi, c’est un coup de tonnerre quand elle annonce organiser un atelier d’écriture pour cinq femmes. Alex et Wren n’ont pas été retenues. Il faut l’intervention d’Ursula, quelques temps plus tard, pour qu’elles soient acceptées.
Pour Alex, c’est le graal d’intégrer ce manoir de Blackbriar, perdu au milieu des monts Adirondacks et de pouvoir travailler sous la houlette de cette romancière si douée. Même si Alex souffre du syndrome de la page blanche depuis presque un an.
Mais, les règles draconiennes que Roza Vallo fixe aux stagiaires obligent chacune à se dépasser. Coupées de tout lien avec l’extérieur, une compétition acharnée s’instaure avec les tensions qui vont avec. Or, quand une concurrente disparaît…
Avec une galerie de personnages presque exclusivement féminine, deux hommes passent rapidement, la romancière conçoit un huis clos autour de l’écriture. Elle retient un lieu chargé d’histoire maléfiques, isolé de tout, tant au point de vue voisinage que des outils classiques de communications. Et elle sème le trouble avec la réunion de deux ex-amies qui, à cause d’un différend, ont cessé toutes relations. Les retrouvailles et la cohabitation risquent de susciter une ambiance difficile. Parallèlement, elle installe une atmosphère délétère chez une romancière à la réputation sulfureuse et avec une disparition intrigante.
Julia Bartz mène son intrigue avec une certaine rigueur et installe nombre de références en matière d’écriture et dans l’art de rédiger. Elle montre que la création littéraire est un acte difficile, qu’il faut aller chercher au fond de soi les ressources nécessaires pour concevoir une histoire et la mener à son terme. De plus, elle installe une forme de mise en abyme avec un roman dans le roman.
Ce livre, qui conjugue de nombreux thèmes autour d’une figure centrale controversée, d’une héroïne à la fois anxieuse et combattive, et d’une suite de péripéties attractives, se laisse découvrir avec plaisir.
serge perraud
Julia Bartz, La Reine du noir (The Writing Retreat), traduit de l’anglais États-Unis) par Laurent Boscq, Éditions 10/18, coll. Polar, février 2025, 504 p. – 9,60 €.