Jean-Pierre Chambon, La peau profonde
Reprenant implicitement la formule de Valéry « le plus profond dans l »homme c’est sa peau », Jean-Pierre Chambon revient sur « le livre du corps / où prennent naissance les mots / à la lisière du dedans et du dehors ».
Et si la peau reste fuyante « dans l’éclat de l’immédiateté / dans le secret de la nudité » y affleure toujours « l’horizon « . Mais pas n’importe lequel.
Quelle que soit la couleur des complexions, de la plus grande nuit rejaillit la lumière. Loin des ruines, l’aurore se lève.
Lazare est debout. Justes et innocents peuvent relever la tête même si le monstre menaçant de la mort et d’un monde en perdition voudrait faire croire que tout n’est qu’un rêve dont le désir s’achève.
Chambon refuse le temps passé à dresser des tombeaux, à construire des hommages. La sueur devient matière céleste ici-même, ici-bas.
Preuve qu’il faut affronter l’innommable de la « peau profonde » pour sortir du précipice.
Le poète accorde au monde une immense fratrie par un tel tissu vital et l’épreuve une initiation existentielle.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Chambon, La peau profonde avec une peinture de Gilles Badaire, Editions Jacques Bémond, 2020, 33 p. – 100,00 €.