Jean-Paul Gavard-Perret, L’edam d’abord 

Jean-Paul Gavard-Perret, L’edam d’abord 

Il arrive que chacun se taise devant l’inconnu car il  n’y a rien à dire.  Mais pour Jean-Paul Gavard-Perret, à défaut de parler, son écriture  ose – même si elle abuse parfois des apparences dont même la nudité chez lui n’est plus une mauvaise monnaie vouée à dévaluation. Il tente sinon de voir l’invisible, d’ interpréter librement l’ignoré loin des médiateurs des temples de la bienséance. L’auteur vaque entre extases et douleur là où les mystiques découvrent moins le feu que l’eau et en conséquence n’y voient que  goutte.

D’une certaine manière, ici l’edam est un début – mais dans le goût de la farce. Et c’est avec les dames qu’un tel début existe à tout. Voire la fin. C’est le cercle de la Terre, de la roue et de l’œil condamné à voir même la pensée et son centre.
Quand l’amour se vit, ici il semble inachevable. Toutefois, son génie ne se prend pas au charme mais au pas de charge : le lit craque, le plancher glisse, le mur « oblique » eu égard aux flux des amants dont l’incertitude reste porteuse d’unité fragile. Quant à leur silence, l’auteur l’écrit qui parfois tord les mots et leur encolure.

Disons que, du réel, l’auteur reçoit l’infini de la vision de notre conscience et de notre inconscient qui s’accorde au chant profond né du charbon tant notre existence précéda dieu et le pétrole. Ici, au visible, la poésie refuse le ressassement sédentaire et résiste au solstice inconnu de certains émois.  Et avec un tel « fromage » émerge le signe des étoiles de demain tant reste la mémoire des exilés du royaume dont l’ivresse cuve son océan dans leur alphabet de vagues.

Jean-Paul Gavard-Perret, L’edam d’abord, Encres Vives, Frontignan, 2025, 16 p. – 6,50 €.

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