Jean-Guy Coulange, Pastels

Jean-Guy Coulange, Pastels

Dans l’histoire de la peinture (vers laquelle Coulange revient eu égard à sa page de couverture), la grille est liée à la figuration, moins par le biais d’Alberti et de la perspective, que par l’abstraction de Mondrian, Vasarely voire F. Rouan pour qui la grille permet de peindre entre le dessous et le dessus de la peinture. Elle est récurrente ici, là où les « pastels » portent mal leur nom. Ils deviennent contre toute attente
le recours au quadrillage qui permet de ramener facilement à la musique même si cette dernière – « le plus abstrait des arts » selon Schopenhauer – , trouve « en repons » des effets de tessiture, grille, texture, tissage, tonalité.

Sur un fond souvent sombre et selon une procédure d’instance (parfois quasi photographique), la matière-dessin-peinture emblave une partie de ce tissu conjonctif. Le recouvrement est remis en question de manière neuve. Le support n’est plus une fenêtre. Le regard ne passe pas à travers le plan même si quadrillages et zébrures introduisent des interstices mais sans effet de profondeur. Ici, celui-là n’a plus rien à voir avec l’illusion qui consisterait à l’impression de passer au travers d’une « fenêtre ».

Parfois des « couches » débordent d’un carré ou d’une autre forme sans pour autant faire passer le quadrillage, la zébrure, le coulage au second plan. La couleur ou à la ligne (brisée ou non) contraste avec le quadrillage. Mais un équilibre se tient et fait exister dans les monochromes diversement traités afin de poser la question du sens du “ recouvrement ”. Mais, aussi, la question du geste en peinture pressentant l’illusion picturale comme la seule source féconde de l’art- tout en sachant rebondir sur cette illusion.

Si bien que l’œuvre libère. Le pastel n’est pas un pur « néos ». Il ne se “ mure ” pas plus dans son apprêt : il s’en éloigne, se déplace, retrouve un fond rupestre. A ce titre, Coulange est sans doute un des peintres les plus importants de l’époque : il comble un retard, crée l’image d’une nécessaire séparation avec son leurre tout en affirmant – chose rare – sa croyance en la peinture-peinture. Ou au pastel-pastel.

jean-paul gavard-perret

Jean-Guy Coulange, Pastels, Editions jgcoulange.com et Superflux, 2025, 44 p. – 14,00 €.




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