Gérard Haller, Nous qui nous apparaissons
Gérard Haller crée la possibilité fragile de refaire un monde sous le joug des menaces climatiques et politiques. L’auteur cherche le « partage des souffles ». Sa poésie offre un recours en trouvant la faculté d’ouvrir à tout ce qui est autre, étranger, non appropriable et désastreux.
Mais prendre peur n’est pas la seule manière de s’interroger sur la part du risque. Nous devons nous engager. C’est pourquoi a poésie des trois textes de ce livre ne cherche pas à combler un vide, à éponger un manque ou une frustration.
L’auteur se veut « clinique » contre tout ce qui vise la vie courante. Une telle interrogation est capitale. Elle se refuse à tout imaginaire « romantique ». La poésie face à la mécanique et physique du désastre devient une sorte de guide ostentatoire à l’exacerbation d’une plénitude du corps, des corps.
Reste l’attouchement de la langue. Il devient la barque contre la mort mais non pour voguer sur l’Achéron. Cet esquif entreprend un mouvement inverse dans ce que nous nommerons Venezia Traviata.
jean-paul gavard-perret
Gérard Haller, Nous qui nous apparaissons, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, mai 2024, 64 p. – 15,00 €.
