François Cheng, Suite Orphique
Ces 99 quatrains, écrits ces dernières années, sont une méditation poétique de François Cheng. Il réaffirme le sens de la vie dans la confrontation à la mort. Il s’agit d’un « Geste testamentaire » offert par une clarté absolue marquée par la simplicité, fluidité et limpidité pour donner à lire une pensée vaste et profonde. Le mythe d’Orphée est interprété et réinventé comme un retournement de la mort vers la vie. Le tout par un travail de synthèse entre le mythe grec, le taoïsme et le christianisme.
Cheng ici garde en conséquence sa double nature, œuvre de ses parents et originaire d’un jeu ou d’un festin. C’est dire quelle histoire de faim et de plaisir précède. Mais nul n’en sait rien. Toutefois, nous avons résisté. Pour croire encore à celle dont nous rêvons et que nous aimerions devenir grâce au tribut de l’auteur.
La pensée a priori perdue au milieu des autres transforme un cycle : chacune coule depuis les à-pics et les vertiges du passé, bref de ce que c’était lorsque débuta la Genèse – où Eve paria son existence et Adam croqua la pomme – voire plus avant.
Mais avec Cheng les mots se sont détournés de nos agapes et de nos damiers. Nous donnons cependant le change avec l’impression de nous y baigner, en ces quatrains et leurs bords. Il nous faudrait – comme un héros de Beckett – des pierres à sucer pour les remplacer ou avec l’idée de sauter de l’une à l’autre, d’un jeu à un goûter, à travers le courant. Il nous entraîne vers des contrées incertaines jusqu’à finalement errer.
jean-paul gavard-perret
François Cheng, Suite Orphique, 99 quatrains. Postface de Daniel-Henri Pageaux, Gallimard, collection Blanche, Gallimard, 07-03-2024, 120 p. – 14,00 €.
