Exercice d’authenticité : entretien avec le photographe Guillaume Varone (Début)
Dans un monde où le tout à l’égo est de mise, Guillaume Varone fait figure d’exception et de discrétion. Certes, les photographies du Lausannois parlent pour lui mais pourra-t-il s’imposer sans renforcer sa confiance en lui et en son travail ? Il le mérite. Rares sont en effet les photographies d’une telle vérité et simplicité. L’artiste ne cherche jamais l’exploit mais la justesse. Il sait pourtant « tirer ses photos par les cheveux » (d’un modèle) lorsque cela s’impose.
Avec lui, le visage devient paysage, le paysage un visage. Loin du voyeurisme, Varone ne caresse ne l’intime qu’avec bienveillance et partage. Les traits du visage parlent mais – comme chez Baudelaire et quoique avec d’autres intentions – « la chevelure » aussi. Varone au besoin photographie son modèle de trois-quarts ou de dos pour atteindre au plus juste comment les coiffures permettent de comprendre le sujet. C’est une question de lumière sans doute mais d’attention encore plus.
Voir le site : Analix Forever (Genève, Paris)
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie de découvrir et de redécouvrir le monde qui m’entoure.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Envolés avec l’enfance.
A quoi avez-vous renoncé ?
A plein de choses, mais la vie est faite de surprises et m’apporte sans cesse de nouvelles occasions que je n’avais pas envisagées.
D’où venez-vous ?
D’un bloc opératoire, d’un jardin paisible face à des montagnes vertigineuses.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Des valeurs comme le respect des autres, l’honnêteté et l’envie d’avancer.
Un petit plaisir – quotidien ou non ?
Observer les gens et les scènes de la vie quotidienne.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Tout et rien, à chacun son chemin.
Comment définiriez-vous votre approche de l’intimité des femmes et du paysage ?
Sincère, authentique et respectueuse.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une carte postale de ma marraine que j’ai reçue à 4 ans et que je garde précieusement.
Et votre première lecture ?
Je ne m’en rappelle pas.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Toutes celles qui m’interpellent et me font ressentir quelque chose.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
En ce moment, les livres de photos de Saul Leiter.
Quel film vous fait pleurer ?
Ce n’est pas tant le film que l’état d’esprit dans lequel je suis qui me fait pleurer.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Mon humeur du moment
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A plein de monde, je préfère l’image et la parole au texte.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
L’Islande pour ses paysages et ses lumières.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Les photographes qui se dévoilent à travers leurs images.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un livre de photos inspirant.
Que défendez-vous ?
Mes valeurs.
Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Que chacun exprime son amour à sa manière et que c’est ce qui le rend si fort.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Que ça m’arrive aussi d’agir de la sorte…
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Toutes celles qui viendront par la suite.
Introduction et entretien réalisés par jean-paul gavard-perrret pour lelittteraire.com, le 3 décembre 2018.
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