Eric Villeneuve, Tache jaune, Monochrome bleu, sorte de blanc
Eric Villeneuve saute sur les mots dits (hier ou aujourd’hui) pour un train de phrases qui, à leur manière, font images.
Ce qui leur donne une certaine élasticité même si forcément un livre est clos.
Dès lors, « il semble que je ne puisse rien leur ajouter. Pas même me rappeler d’elles, en silence. ». Mais ce dernier fait écho à des paysages urbains aux « murs blancs, gris ou jaune pâle » dotés sinon de tags du moins d’impressions diverses.
Les lire mène forcément à une rivière dont il n’est pas obligatoire de toucher la matérialité de l’eau.
Mieux vaut la longer à la rencontre de silhouettes plus ou moins « floues, insaisissables, sans les vêtements de pluie qui les enveloppent. ». Cela ne veut pas dire pour autant que Villeneuve les voit nus.
Car sans les couleurs de leurs vêtements, elles seraient pur ersatz… Ce qui n’est pas le cas sauf à les considérer dans « un état de grande faiblesse ».
Mais l’auteur reste en forme. Du moins jusqu’à ce qu’apparaisse une jeune femme en coupe-vent qui garde en dépit de sa couleur rouge « quelque chose de perméable ».
Si bien que tout semble possible. Ou presque.
Et c’est ainsi que la vie va en divers effluves. C’est alors comme dans un conte au milieu de l’existence.
jean-paul gavard-perret
Eric Villeneuve, Tache jaune, Monochrome bleu, sorte de blanc, Editions LansKine, Paris, 2022, 88 p. – 14,00 €.