Dominique Meens, L’Ile lisible
Depuis 40 ans Dominique Meens « explore » l’île d’Oléron. Pas question pour lui de s’y faire Robinson : mais cela permet d’autres recherches et périples : « L’œil du promeneur voit d’autres tas d’écrits, car l’océan efface son ardoise à chaque marée ou presque. » Bref, l ’auteur décrypte ces messages océaniques et des photographies appuient ses découvertes.
Meens (après Mes langues ocelles) propose son second volume de ses recherches sur les signes et signifiants que la nature nous laisse dans sa grande bonté. Ici, ce ne sont plus les oiseaux qui écrivent dans le ciel mais les plages que les « pages plagient ».
Une telle « enquête » est forcément poétique et son formalisme l’est tout autant : la palinodie y fait le jeu du discours. L’inspiration du mouvement des vagues révoque tout discours établi, proposant celui que les marées effacent. S’y découvrent des poèmes provisoires et un théâtre du monde dont les valeurs originelles et le plaisir de leur lecture sont mâtinés de références littéraires et musicales.
Chassant d’une certaine manière le naturel de la nature pour réécrire « de » la pensée humaine, le premier y revient jusqu’à ce que, en fin de livre, le Prométhée revisité ramène aux préoccupations politique et rejoint, pour les commenter, les discours apocalyptiques qui ne cessent de voir le jour.
jean-paul gavard-perret
Dominique Meens, L’Ile lisible, P.O.L éditeur, Paris, 2018.