Claudine Bohi & Anne Slacik, Regarde

Claudine Bohi & Anne Slacik, Regarde

Bleu de père

Ce livre est né d’un éclat, d’une sorte de coup de foudre face aux oeuvres d’Anne Slacik. Elle est sortie bouleversée par de telles peintures
Et ce, pour une raison majeure: « Il arrive que la peinture nous brûle ». Au nom de la peur et de l’amour que ces peintures ont généré jusqu’à entraîner un flot de poèmes là où « la brûlure elle-même s’est mise à rêver ».

L
a poétesse apprendra plus tard que ce bleu là avait surgi juste après la mort de son père. Dès lors, ces pans et taches ont déplié le regard par leur « ronde de nuit à l’intérieur du jour ». Le tout  « avec quelque chose quelqu’un qui appelle et vous prend »‘.
D’où divers échos dans ce face à face qui rebondit sur le regardeur et lecteur.

De telles radiographies du temps renouent avec une musique au fond de celles et ceux qui nous sont chers et ont disparu. Et c’est soudain comme si la neige sur la peur et qui fait son jeu « recueille la lumière et redessine le bleu ». Ami fidèle, celui-ci remplit à nouveau le coeur et le ciel.

Le bleu n’est donc pas un exutoire mais il efface tout oubli de ce qui habite l’artiste et l’auteure . Elles retrouvent là une force de vie. Creux et vagues redessinent un monde que les mots amplifient. Il monte, il revient, recommence une errance qui naquit il y a si longtemps dans l’enfance même si nous ne nous en rendions pas compte.
Il faut du temps pour le reconnaître, le comprendre, l’habiter afin de ne pas se sentir seul(e).

jean-paul gavard-perret

Claudine Bohi & Anne Slacik, Regarde, Editions L’herbe qui tremble », Billière, août 2022, 98 p. – 20,00 €.

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