Cedric Lerible, Giratoires
L’homme est un roseau tournant
Les giratoires – sauf à se croire en Angleterre (Brexit ou non) – se prennent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Pas étonnant dès lors que le monde ne tourne pas rond. Cédric Lerible le prouve en ses photographies-montages et ses pensées qui accouchent (par le siège) les voitures qui s’engagent en de tels lieux.
Le livre prend maintenant toute son actualité. Car en ces points de jonction les injonctions se veulent irrémédiables. Mais, « Sans issue, interdit (sauf riverains), impasse », les directions font tourner en bourrique ceux qui espèrent des destinations plus propices.
Le mouvement est pris dans une circonférence où le sens comme le centre est partout et nulle part. Si bien qu’après Devos, il y a près de 60 ans, l’auteur nous joue en de tels endroits des mauvais tours. Rien n’a lieu que leur lieu. Et c’est bien là le problème. L’homme devient un roseau tournant enchaîné à sa perte au moment où, dans son amateurisme complet, il estimait prétendre à une voie royale.
La seule puissance d’activation de l’espace demeure celle du langage. Pour le reste, le choix est aussi déterminé qu’aléatoire.
Dans ce petit cercle, entre infini et néant, chacun est tenu à l’impossible tant les potentialités de distribution débouchent sur rien qui vaille. Le véhicule automobile n’a plus rien d’une machine désirante. Preuve que le vie est une impasse ou tout au plus une hypothèse vague.
En avant, doute !
jean-paul gavard-perret
Cedric Lerible, Giratoires, Editions Plaine Page, Barjols, 2015.