
Axe et l’air
Amours torches fauves des bêtes splendides qui rugissent dans l’interdit. Ils brisent les codes et les os, saignent, brillent, trop vastes pour les cages, trop fous pour la lumière, se brûlent avant d’être dits. Les ombres dessinent des visages au creux du silence. À la marge, il n’y a ni vérité ni conclusion, seulement la persistance d’un éclat.
Une harpe-pie déchire la nuit et un regard suffit pour plonger dans l’abîme. Ils laissent des empreintes de sel dans les draps. Quelque part, un ventre murmure, un souffle ancien s’emmêle dans le sang, des lambeaux de lignées rôdent sous la peau, chimères dormantes dans la chair des vivantes. Qui étais-tu avant que l’enfant ne t’arrache ?
Le cri a coulé en elle comme une rivière noire, et les murs n’ont rien su. La nuit venue, en recherche, elle est partie en stop. Dans le cockpit, elle retient enfin son souffle. Son pilote rêve d’espace. Sous le nocturne, sa voiture et les nuages bougent sans chaînes, il sait qu’ils n’en n’existent plus sur un tel fantôme de soie.
jean-paul gavard-perret
photo : Jean François Bouchard