Anne Brérot, Paysages et personnages (expositions)

Anne Brérot, Paysages et personnages (expositions)

Silhouettes et paysages d’Anne Brérot

Anne Brérot sait ouvrir les paysages afin d’entrer dans un espace que l’image ne comblera jamais. De même, chaque silhouette est aussi rassemblée que rompue en des zones qui, d’ordinaire, ne se laissent pas atteindre et que la plasticienne atteint. A travers son oeuvre surgit la chute infinie du corps et sa remontée. L’ombre humaine longe la lumière. Mais s’éprouve une force face à la chiennerie de la vie, à la folie des jours. En ces immenses féeries désertiques (qui n’ont rien de glacées puisque le rouge sombre domine souvent) demeure un levier d’espérance et le troublant laisser être au monde.
Chaque être ou personnage reste inconnu. Et si, depuis l’Ancien Testament, depuis l’Aleph, le partage entre masculin et féminin fait problème, Anne Brérot penche pour le second. N’est-ce pas aussi pour cela qu’elle peint ? A savoir, pour rétablir l’équilibre et pour trouver la faille dans la logique du monde tel qu’il est – du moins tel qu’il est proposé dans un monde fait par les hommes et pour eux.

Contentons-nous de ce savoir qui ne saurait être une doxa. L’artiste l’impose de tout son talent. Un jour, nous serons comme ses silhouettes : partis dans la nuit, partis avec la nuit. On ne peut pas s’arracher à un certain absolu. Tel est le pouvoir indéfinissable de la féminité d’une peinture qui n’a rien à voir avec l’éternel féminin de Goethe ou la copie fanée de la Béatrice d’un poète italien. La féminité tient ici à l’attention portée sur l’être. Pour Anne Brérot, cela dure depuis toujours. L’artiste reste fascinée par la question humaine. Ses joies et ses douleurs.
Une telle peinture recèle un attrait immense. On touche aux abstractions. A l’obscurité et silence. Mais à la lumière aussi. A la poursuite de l’autre, l’artiste trouve l’expression idéale de sa propre émotion. Surgit un cri – forcément muet. Toutefois, par les postures des personnages, les vides des paysages, il devient un appel. Il excède le langage vocal, mettant à vif par la peinture ce qui autrement ne pourrait se dire.
L’absence qu’on peut voir émerger de chacune des toiles de l’artiste supprime l’absence. La rechercher serait donc vain. Où erre l’œuvre surgit une présence.

jean-paul gavard-perret

Anne Bréro,
– Galerie Le soleil sur la place, Lyon, Septembre 2016
– Galerie Rasmus, Hauser Plads, Copenhague, Danemark, en permanence.
– Brandts, Musée d’art et de culture visuelle, Brandts torv, Odense, Danemark, du 11 au 14 août 2016.

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