Traquée par le gang Capone et le KKK…
C’est de la légendaire Bessie Coleman que le scénariste s’est inspiré pour construire son héroïne. Cette jeune femme métisse fut la première aviatrice afro-américaine des Etats-Unis. Formée au pilotage en France, elle connut un destin hors du commun.
Dans la présente histoire, Yann fait ressortir l’irrépressible envie de voler de son personnage. Pour satisfaire ce besoin, elle accepte toutes les possibilités qui s’offrent à elle, même si elles sont illégales. C’est ainsi que la Bessie de fiction travaille pour la pègre, la bande d’Al Capone. Mais le scénariste la confronte également au Ku Klux Klan, ces suprématistes blancs qui traquent les gens de couleur. Il introduit une étrange structure, un groupe d’hommes influents qui veulent la peau des Capone. Et Bessie doit transiger avec toutes ces composantes pour se garder en vie et assouvir sa passion de voler.
Alors qu’elle est aux commandes d’un avion protégeant le bombardier chargé d’alcool de contrebande de Ralph Capone, Bessie se remémore une scène tragique vécue, lorsqu’elle était fillette, dans sa tribu Cherokee. Son père avait dû tuer son meilleur ami.
Soudain, sous son avion, elle voit un biplan des garde-côtes de la région des grands lacs qui veut forcer le bombardier à se dérouter. Elle entend le bruit d’une arme automatique. Alors qu’elle pense fuir pour ne pas être prise, elle se souvient que ces appareils ne volent pas la nuit. Elle comprend que c’est un coup de Bugs Moran, le concurrent des Capone qui veut s’approprier la cargaison. Elle est repérée, on lui tire dessus, mais elle abat l’appareil et comprend la magouille.
Cependant, quand elle rentre, elle est accusée d’avoir voulu doubler les Capone. Il faut l’intervention d’un ami pour la sortir d’affaire mais le soupçon demeure. Elle se sent en danger quand…
Alain Henriet assure un dessin réaliste d’une belle efficacité pour rendre la tonicité du scénario où prime l’action. Il propose une mise en page dynamique, exploitant au mieux les possibilités graphiques offertes par les situations. Des personnages fort bien campés et des décors à l’avenant occupent l’espace de belle manière.
La mise en couleur, œuvre de Usagi, donne une dimension particulière aux scènes par le choix judicieux des teintes selon la pertinence du cadre.
Ce tome clôt une série attractive par cette héroïne attachante, par le graphisme fort agréable à regarder et l’intrigue mobilisatrice à souhait.
serge perraud
Yann (scénario), Alain Henriet (dessin) & Usagi (couleurs), Black Squaw — t.04 : Secret Six, Dupuis, coll. “Grand Public”, janvier 2024, 56 p. — 15,50 €.