François Boucq & Alejandro Jodorowsky, Bouncer t.12 : “Hécatombe”

Un com­plot qui vaut son pesant… d’or !

Le titre est tout à fait appro­prié car les auteurs se livrent à une véri­table héca­tombe dans Barro-City. Ils n’ont jamais été tendres avec leur héros mais dans cet album ils le placent dans des situa­tions par­ti­cu­liè­re­ment vio­lentes, lui fai­sant vivre des moments très dou­lou­reux.
Avec un appât tel que l’or, c’est la porte ouverte à toute une série de ten­ta­tives menées avec plus ou moins de bon­heur pour s’approprier cette richesse. Mais les auteurs ne se limitent pas à une suite d’attaques. Ils pro­posent une intrigue retorse à sou­hait avec une gale­rie de pro­ta­go­nistes sin­gu­liers et hauts en cou­leurs. Le com­plot ima­giné par les scé­na­ristes vaut son pesant …d’or !

Le héros man­chot a récu­péré l’or de Maxi­mi­lien, ce Fran­çais empe­reur éphé­mère du Mexique. Avant de le rendre à qui de droit, il faut le sto­cker et sur­tout le mettre à l’abri des convoi­tises. Mais une telle for­tune attise les tentations.

À Barro-City la pluie qui tombe depuis des semaines anes­thé­sie toutes acti­vi­tés. La fré­quen­ta­tion de L’Infierno est en chute libre depuis que le Pink Lady’s s’est ouvert à quelques mètres.
Le maire est inquiet depuis que l’or est entre­posé dans les coffres de la banque. Il attend avec impa­tience le déta­che­ment que l’armée doit lui envoyer. Lorsque les sol­dats arrivent, ils prennent, par la force, le contrôle de la ville, for­çant le maire à don­ner les pleins pou­voirs au colo­nel Car­ter, le chef. Ils tirent sur le shé­rif et s’arrogent la jus­tice. Cepen­dant, si des voyous s’en prennent à la banque, ils inter­viennent de façon plus que bru­tale. Leur atti­tude inquiète Boun­cer qui a refusé de leur don­ner l’hospitalité.
Sur­vient alors Gran­dini, le plus célèbre magi­cien de tout l’Ouest, et son assis­tante Miss Wanda. Ils logent et donnent spec­tacle à L’Infierno

Les auteurs abordent des thèmes sociaux et huma­nistes en lien avec l’Histoire de l’Ouest. On retrouve le racisme contre les Buf­falo Sol­diers, ces noirs inté­grés dans des régi­ments de cava­le­rie et envoyés pour lut­ter contre les révoltes indiennes.
C’est la foule et sa bêtise, ces indi­vi­dus qui, en groupe, ne savent gérer les situa­tions que par le lyn­chage. C’est la course à la richesse mais aussi les séquelles de la guerre de Séces­sion, cette guerre fra­tri­cide entre les Amé­ri­cains du Sud et ceux du Nord.

Le gra­phisme assuré par Fran­çois Boucq reste un modèle du genre. Il n’a pas son pareil pour mettre en images ces contrées sau­vages, ces villes cham­pi­gnons, ces 0protagonistes révé­la­teurs d’une popu­la­tion. Il génère une atmo­sphère sombre avec cette pluie inces­sante qui occa­sionne nombre de dégâts. La ten­sion est ren­for­cée par une mise en cou­leur qui met en valeur les ombres. À la cou­leur, il est assisté par Alexandre Boucq.

 Un superbe album avec des planches de belle dimen­sion, un récit pas­sion­nant, d’une forte inten­sité, un com­plot remar­quable et un dénoue­ment bien surprenant.

serge per­raud

Fran­çois Boucq (scé­na­rio, des­sin et cou­leurs), Ale­jan­dro Jodo­rowsky (scé­na­rio) & Alexandre Boucq (cou­leurs), Boun­cer — t.12: Héca­tombe, Glé­nat, coll. “24x32”, novembre 2023, 144 p. — 24,95 €.

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Filed under Bande dessinée, Chapeau bas

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