Valéry Zabdyr (aka Molet) n’y va pas de mains mortes. Le voici mordant comme on ne l’avait jamais connu. Du moins en première partie, avant de se récupérer et nous avec pour un certain sens de la vie. Mais il nous aura asséné notre dû. Trop peut-être.
Le flots d’injure ( il ya du Bloy, du Céline et du Nabe chez lui) fait que la coupe est pleine mais incontestablement il existe là du souffle. L’auteur le sait.
Pour lui, les êtres humains ne valent pas l’humanité qui est en eux et même si elle est “pareille à la chauve-souris des poètes et des marécages haletants.” Les premiers ne donnent pas, contrairement aux seconds, la vie tant ils restent “abrutis par l’abrutissement, salissant même la beauté des abrutis et de l’abrutissement”.
L’auteur leur consacre sa haine. Est-ce joué ? Bien sûr. Mais pas seulement. Personne n’est oublié dans ce Tartare de chair plus ou moins avariée et qui justifie ce palabre poussé jusqu’au volontaire écoeurement suscité par les “Sacs à fientes multicolores semblables aux yeux de vos mères, ces vieilles trainées qui vous ont chiés par leurs vagins”.
Face à lui, une voie et une voix sont possibles lorsque le narrateur passe du collectif au singulier en son “hourrah amour”, sorte sinon d’aura du moins de succédané ou d’impromptu érotique “qui mime, sans éclat, l’amour véritable.”
Néanmoins, cet anti-chant du cygne devient l’antichambre d’amour. En Bretagne, sa Nathalie devient “un sublime pan de roc échappé de la rive battue.” Grâce à elle, tout est hymnique. et propre à une prédestination intime.
Une telle femme ne se quitte pas, ne se quitte plus.
jean-paul gavard-perret
Valéry Zabdyr, Injures précédant un amour légendaire, Editions Unicité, Saint Chéron, 2023, 107 p. — 14,00 €.