Yann & Dany, Spirou et la Gorgone bleue

Des empê­cheuses de pol­luer en rond…

Avec Yann au scé­na­rio, il faut oublier les Spi­rou pré­cé­dents et se pla­cer dans la société d’aujourd’hui. Il aborde dans son récit des pro­blé­ma­tiques, des sujets graves, bien d’actualité. Il base même celui-ci sur deux don­nées socié­tales très actuelles, celle de la mal­bouffe et le péril lié à la pro­li­fé­ra­tion des plas­tiques. Il confronte ses héros à ces bur­gers, et autres spé­cia­li­tés simi­laires, qui contiennent tous les ingré­dients funestes à une ali­men­ta­tion équi­li­brée.
Il oppose un richis­sime indi­vidu à la tête d’usines très pol­luantes, très cynique, pro­dui­sant éga­le­ment des plats indus­triels, à un groupe de femmes écolos-terroristes qui luttent en menant des actions spec­ta­cu­laires contre ces vitrines de la malbouffe.

Sur une plage para­di­siaque, Lara tourne un film publi­ci­taire pour les bur­gers Mac Burgy. Un inci­dent la met en colère et elle se retire dans sa cara­vane. Quelques ins­tants plus tard les membres de l’équipe entendent un cri. Lara a été enle­vée par Les Gor­gones bleues qui luttent contre la mal­bouffe.
Sur une plage bien peu­plée, Fan­ta­sio et Spi­rou goûtent un repos bien mérité en atten­dant la dif­fu­sion de leur docu­men­taire sur le Mar­su­pi­lami blanc des marais de Palom­bie. Ils viennent de pas­ser dix-huit mois là-bas.

Ils font connais­sance avec un tas de nou­veau­tés grâce à une petite fille : le Poul­pito, une bes­tiole qui dévore le plas­tique, la ruée vers les Mac Burgy, la rapi­dité des réseaux sociaux. C’est alors, dans le res­tau­rant, l’attaque des filles de la Gor­gone bleue.
Enfin, c’est le moment de la dif­fu­sion du repor­tage. Mais, à peine com­men­cée, l’émission est inter­rom­pue par un flash spé­cial annon­çant l’enlèvement de Lara. La ran­çon exi­gée est d’un mil­liard de dol­lars. Ter­ro­ri­sée, elle s’adresse à son fiancé, le mil­liar­daire Simon Santo, qui… ne veut pas céder au chan­tage. Mais celui-ci rebon­dit en lan­çant une opé­ra­tion mar­ké­ting qui fera vendre encore plus de mal­bouffe.
Spi­rou reçoit un appel télé­pho­nique de Sec­co­tine. Elle est infil­trée, pour un repor­tage, dans le groupe de la Gor­gone. Elle trouve qu’elles vont trop loin avec cet enlè­ve­ment. Elle a pu trou­ver des infor­ma­tions comme le finan­ce­ment du mou­ve­ment assuré par… le comte de Cham­pi­gnac, un comte qui s’est volatilisé…

Les réflexions, les images, les apar­tés de Spip, le petit écu­reuil, font mouche tant elles sont mar­quées au coin du bon sens et d’un à-propos sub­til. Et Yann épargne peu de monde, les indus­triels mil­liar­daires, les médias à la recherche éper­due du scoop, les publi­ci­taires, les enfants accros à leurs smart­phones prêts à tout accep­ter de mani­pu­la­teurs éhon­tés, les parents apa­thiques, les mili­taires, les pseudo-écolos, les vieux qui veulent res­ter jeune, les remèdes pires que le mal. Il illustre que la bêtise est uni­ver­selle et qu’elle touche aussi bien les femmes que les hommes, quelles que soient la race, la natio­na­lité, la fonc­tion…
Et avec Yann, outre son humour rava­geur et son art du second degré, il faut s’attendre à de l’inattendu et dans cette his­toire le lec­teur est gâté.

Le gra­phisme, recon­nais­sable entre tous de Dany fait mer­veille pour une mise en images de cette aven­ture au ton très moderne. Le choix du modèle pour l’ignoble mil­liar­daire est tout à fait adé­quat. Qui mieux que trump pou­vait le faire ? (Cet indi­vidu ne mérite pas une majus­cule à son nom !!!). Son des­sin élé­gant, dyna­mique, donne au scé­na­rio une dimen­sion étin­ce­lante, réjouis­sante. Sa manière de moder­ni­ser les per­son­nages emblé­ma­tiques de la série est très agréable.

Les Aven­tures de Spi­rou et Fan­ta­sio, avec ce couple de créa­teurs, reprennent des cou­leurs, retrouvent la verve qu’un Fran­quin devait poli­cer. Il en résulte un magni­fique album par le ton, les sujets abor­dés et le gra­phisme pétillant.

serge per­raud

Yann (scé­na­rio) & Dany (des­sin et cou­leurs), Spi­rou et la Gor­gone bleue, Dupuis, coll. “Grand Public”, sep­tembre 2023, 88 p. — 18,95 €.

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