André Marfaing quitte en 1949 sa ville natale de Toulouse pour s’installer à Paris et se consacrer à la peinture. Il a 24 ans et fait la connaissance d’Estève, Manessier, Bissière, Soulages. En 1952, il abandonne définitivement la figuration pour l’abstraction. Il a signé son premier contrat en 1957 avec la galerie Claude Bernard. Débute une carrière internationale et en 1962 il représente la France à la Biennale de Venise. Vingt ans après son décès, dès 2005, la galerie Berthet-Aittouarès entreprend la représentation de son Œuvre.
Aujourd’hui, à l’occasion de la parution du catalogue raisonné de l’Œuvre d’André Marfaing, les deux galeries Claude Bernard et Berthet-Aittouarès s’associent pour une exposition qui met en lumière les différentes époques stylistiques de la création de 1950 à 1985. La galerie Claude Bernard montrant des oeuvres des années 50 et 60 et la galerie Berthet-Aittouarès des oeuvres des années 70 à 80. Au même moment, André Marfaing est présent au Centre Georges Pompidou où trois toiles sont entrées dans la collection du musée.
Apparentées à l’Abstraction Lyrique, ses toiles, pleines d’énergie, concentrent en leur centre un fourmillement matiériste de coups de pinceaux et de signes dans des tons volontairement limités. Passant dans les années 70 à l’acrylique, il évolue vers un dépouillement. L’œuvre est de plus en plus épurée. Des formes sombres s’organisent et se rassemblent en aplat dans l’espace de la toile où restent en réserve quelques failles blanches comme des traits de lumière.
Plus tard, sa palette se restreint strictement au noir et au blanc dans des compositions solidement construites. Cette réduction des moyens plastiques évoque dans son exigence le catharisme et l’architecture romane de son sud-ouest natal. L’ombre et la lumière semblent en lutte comme en fraternité et solidarité dans un dépouillement vibrant, un dépassement de surplomb et une ascèse spirituelle, selon un principe presque mystique.
C’est là un véritable face à face méditatif et tendu avec la peinture d’une personnalité solitaire et discrète disparue trop tôt en 1987.
jean-paul gavard-perret
André Marfaing, Lumières noires, Galerie Claude Bernard, du 7 septembre au 28 octobre 2023.
Excellent article de JPGP qui souligne les axes fort d’un artiste trop souvent ignoré . Les noirs de Soulages ont dominé le siècle mais la nature artistique reprend ses droits et les lumières noires de Marfaing surgissent dans l’éclat mystique triomphant d’une ascèse spirituelle solennelle .