Entre parabole et récit métaphysique
Un vieil homme est venu finir sa vie dans un hameau abandonné. Il en est l’unique habitant. Il veut disparaître tranquillement et passe des moments paisibles à observer la nature, les oiseaux, à voir la nuit s’installer.
Pourtant, chaque soir une petite lumière s’allume soudain dans la montagne d’en face. Intrigué, il questionne et regarde ce massif tentant d’y trouver au moins une habitation. Il interroge au village où il se ravitaille. On lui parle d’OVNI aperçus dans le coin et on l’aiguille vers un expert dans le domaine.
Celui-ci déclare tenir une carte de toutes les manifestations, mais il n’a rien à l’endroit indiqué par le vieil homme. Une nuit, il a vu des aliens qui ont enlevé son troupeau de chèvres, troupeau qu’il a retrouvé le lendemain au même endroit.
Mais le vieil homme veut en avoir le cœur net et il décide : “Demain… …j’irai là-bas. J’irai voir ce qu’il y a à cet endroit-là !” Ce qu’il découvre alors, après avoir franchi des forêts, des ravins, gravi des chemins abrupts, le stupéfie. Un enfant semble l’attendre…
Face à ce qui est pour lui un mystère cet homme qui est là pour mourir va alors s’interroger, stimulé par une curiosité qui est déterminée par la force de la vie. La curiosité va l’emporter, le poussant à agir, à prendre des décisions et non plus attendre que le temps passe. Et ce qu’il va découvrir est pour lui une source inépuisable d’interrogations.
Le livre d’Antonio Moresmo est paru en France en septembre 2014 aux éditions Verdier. C’est ce texte de 128 pages que Grégory Panaccione adapte en un roman graphique. Le romancier a esquissé une réflexion sur la vie, sur l’après-vie. En effet, cet homme est-il encore vivant pour percevoir ce qu’il découvre ?
Dans cette petite maison, est-il encore dans le monde des vivants ? Mais, sous une apparente simplicité, ce texte explore en profondeur un aspect de l’existence, une méditation sur la place de l’homme dans l’univers et donne un récit saisissant.
L’adaptation et la mise en images de Grégory Panaccione conduit à une succession de vignettes toutes plus interrogatives les unes que les autres. S’il semble, au début, montrer tous les signes de l’apaisement, de la plénitude face à la fin d’existence qu’il a décidé de quitter de façon tranquille, l’auteur met en scène, peu à peu, des images où le noir domine. L’obscurité est là, à la fois comme décor et comme ambiance.
Il illustre les tâches quotidiennes leur donnant une grandeur, une beauté immanente. Ses forêts, ses maisons de pierres brutes sont superbes.
Si le roman était inquiétant et étrange, l’adaptation que réalise Grégory Panaccione est tout à fait dans l’esprit. Il offre un récit à la limite du conte fantastique, une histoire qui séduit par son contenu et par l’art graphique que sait mettre en œuvre le dessinateur.
serge perraud
Grégory Panaccione (scénario d’après le roman d’Antonio Moresco, dessin et couleur), La petite lumière, Delcourt, coll. “Mirages”, mai 2023, 248 p. — 27,95 €.