Grégory Panaccione, La petite lumière

Entre para­bole et récit métaphysique

Un vieil homme est venu finir sa vie dans un hameau aban­donné. Il en est l’unique habi­tant. Il veut dis­pa­raître tran­quille­ment et passe des moments pai­sibles à obser­ver la nature, les oiseaux, à voir la nuit s’installer.
Pour­tant, chaque soir une petite lumière s’allume sou­dain dans la mon­tagne d’en face. Intri­gué, il ques­tionne et regarde ce mas­sif ten­tant d’y trou­ver au moins une habi­ta­tion. Il inter­roge au vil­lage où il se ravi­taille. On lui parle d’OVNI aper­çus dans le coin et on l’aiguille vers un expert dans le domaine.

Celui-ci déclare tenir une carte de toutes les mani­fes­ta­tions, mais il n’a rien à l’endroit indi­qué par le vieil homme. Une nuit, il a vu des aliens qui ont enlevé son trou­peau de chèvres, trou­peau qu’il a retrouvé le len­de­main au même endroit.
Mais le vieil homme veut en avoir le cœur net et il décide : “Demain… …j’irai là-bas. J’irai voir ce qu’il y a à cet endroit-là !” Ce qu’il découvre alors, après avoir fran­chi des forêts, des ravins, gravi des che­mins abrupts, le stu­pé­fie. Un enfant semble l’attendre…

Face à ce qui est pour lui un mys­tère cet homme qui est là pour mou­rir va alors s’interroger, sti­mulé par une curio­sité qui est déter­mi­née par la force de la vie. La curio­sité va l’emporter, le pous­sant à agir, à prendre des déci­sions et non plus attendre que le temps passe. Et ce qu’il va décou­vrir est pour lui une source inépui­sable d’interrogations.

Le livre d’Antonio Moresmo est paru en France en sep­tembre 2014 aux édi­tions Ver­dier. C’est ce texte de 128 pages que Gré­gory Panac­cione adapte en un roman gra­phique. Le roman­cier a esquissé une réflexion sur la vie, sur l’après-vie. En effet, cet homme est-il encore vivant pour per­ce­voir ce qu’il découvre ?
Dans cette petite mai­son, est-il encore dans le monde des vivants ? Mais, sous une appa­rente sim­pli­cité, ce texte explore en pro­fon­deur un aspect de l’existence, une médi­ta­tion sur la place de l’homme dans l’univers et donne un récit saisissant.

L’adap­ta­tion et la mise en images de Gré­gory Panac­cione conduit à une suc­ces­sion de vignettes toutes plus inter­ro­ga­tives les unes que les autres. S’il semble, au début, mon­trer tous les signes de l’apaisement, de la plé­ni­tude face à la fin d’existence qu’il a décidé de quit­ter de façon tran­quille, l’auteur met en scène, peu à peu, des images où le noir domine. L’obscurité est là, à la fois comme décor et comme ambiance.
Il illustre les tâches quo­ti­diennes leur don­nant une gran­deur, une beauté imma­nente. Ses forêts, ses mai­sons de pierres brutes sont superbes.

Si le roman était inquié­tant et étrange, l’adaptation que réa­lise Gré­gory Panac­cione est tout à fait dans l’esprit. Il offre un récit à la limite du conte fan­tas­tique, une his­toire qui séduit par son contenu et par l’art gra­phique que sait mettre en œuvre le dessinateur.

serge per­raud

Gré­gory Panac­cione (scé­na­rio d’après le roman d’Antonio Moresco, des­sin et cou­leur), La petite lumière, Del­court, coll. “Mirages”, mai 2023, 248 p. — 27,95 €.

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