Après La Part du démon et Au royaume des cris (2020 et 2022 – Robert Laffont), Mathieu Lecerf boucle, avec éclat, sa Trilogie du démon… La Mort dans l’âme.
Cécilia vit sur une péniche amarrée sur la Seine. Après une soirée passée avec Max, elle est assassinée, son corps mutilé selon le rituel d’Urizen. Le tueur en série a déjà frappé il y a trois semaines en tuant Diane Martel, une star du cinéma. Cécilia est sa septième victime de cet assassin qui sévit depuis vingt-huit ans, revenant presque tous les dix ans.
Ce nouveau crime plombe le moral du capitaine Manuel de Almeida, dit Manny, qui se débat dans un brouillard épais, incapable de trouver le moindre début de piste.
Son frère, Cristian qui a abandonné le journalisme pour l’écriture de romans est confronté au procès qui débute où il est cité comme témoin à charge. Mais, quand il découvre l’avocat chargé de la défense du criminel, une vieille connaissance toxique, le passé remonte avec fracas.
Esperanza Doloria est en arrêt maladie depuis la perte de sa fille de onze ans. Elle ne se remet pas de sa mort.
Manny finit par découvrir que la dernière personne à avoir vu Cécilia est Maximilien Cherrell, un joaillier suisse. Celui-ci partage son temps entre Genève et Paris, mais personne ne sait où il vit dans cette ville. Et ce que découvre Manny quand il remonte sa piste… Et un nouveau meurtre est commis.
Avec le trio composé des frères orphelins de mère dès leur plus jeune âge et d’une jeune policière, Mathieu Lecerf concocte un récit où cohabitent noirceur absolue et humanisme. Manny, Cristian et Esperanza, ces trois personnages sont fracassés et le romancier décrit les affres qu’ils subissent, détaille leur vie personnelle, leurs sentiments, leurs états d’âmes face à l’horreur quotidienne à laquelle ils sont confrontés quotidiennement et aux traumatismes vécus dans un passé plus ou moins récent.
Parallèlement à leur quête pour arrêter cet assassin, le romancier propose plusieurs sous-intrigues toutes dramatiques dans des contextes différents. Il multiplie ainsi les pistes entre ce psychiatre aux méthodes contestables, ce cercle odieux dénommé Les Anges déchus ; il explore des contrées à la limite de la délinquance, voire du crime.
Mais il tempère cette noirceur par quelques belles éclaircies, montrant que la vie peut rebondir dans un sens généreux. Si l’intrigue est menée de main de maître avec la tension indispensable à ce type de roman, la galerie des protagonistes se décline de belle manière. L’auteur plonge ses héros dans une affaire les impactant plus personnellement et les entoure avec des acteurs aux caractères travaillés, aux profils étudiés.
La Mort dans l’âme clôt avec brio cette trilogie où l’intrigue retorse est servie par une belle théorie de protagonistes, une écriture cinématographique et un tempo sans temps morts.
serge perraud
Mathieu Lecerf, La Mort dans l’âme, Éditions Robert Laffont coll. “La Bête noire”, mai 2023, 352 p. — 19,90 €.