Hubert Renard et Pierre Escot dégomment Paris et dans un récit à la fois loufoque et tragique vide en non grévistes et ses poubelles — du moins celle de son monde de l’art contemporain.
Celui-ci est offert entre réalisme et satire. Les auteurs en varient les formes littéraires d’accès au sein de leur récit : poèmes, journal intime, listes, dialogues et chansons — tout est bon entre farce et mélodrame pour dresser un tableau surprenant d’un milieu qu’ils connaissent bien en tant que plasticiens.
Les personnages sont souvent des goujats accomplis au sein des intrigues qu’ils fomentent. Se retrouvent tous les trucs et tics du monde de l’art même si les deux finauds évitent habilement dans ce bûcher des vanités la critique institutionnelle ou l’étude sociologique.
Ils se “contentent” de manier images et symboles pour se moquer des malades d’un tel milieu : certains sont avides de notoriété et naviguent à vue entre euphorie, démesure et crainte de la disparition.
Les deux auteurs tirent à vue d’autant plus qu’ils ont de quoi se mettre sous leurs dents. Leurs personnages sont confrontés à une sorte d’insatisfaction qui fascine et tue au moment où l’image se retourne contre elle-même. Il n’y a plus de réalité en acte, plus de réalité en être. Que l’amorphie, l’inanité.
Il existe tout compte fait moins de drame que l’attente dans un monde qui ne se rassemblera plus. L’énergie des personnages est perdue, affaiblie jusqu’à une limite extrême.
jean-paul gavard-perret
Hubert Renard & Pierre Lescot, Dimensions variables, art&fiction, coll. Sushlarry, Lausanne, CHF 17,80.