Le grand renouveau de la série
Depuis plus de neuf ans, César est en Gaule où il se couvre de gloire et de conquêtes pendant que Pompée maintient la paix civile à Rome. Dans la plaine du Po, à l’aube, Alix et Enak ont rendez-vous avec un mystérieux interlocuteur, qui se révèle être César en personne. Il est revenu pour marcher sur Rome. Et sa soif de conquête reste intacte. Il veut repartir vers l’Orient et charge Alix de lui rapporter, préalablement, le Sceau du Lion, l’anneau sacré d’Alexandre le Conquérant, un anneau qui, selon la légende, lui assurait une protection divine. Pour guider Alix, César lui adjoint un prisonnier, trouvé en possession de pièces d’or à l’effigie d’Alexandre. Mais, cet homme, dénommé Asham, refuse de révéler le lieu de sa découverte, dans la région de Bactriane, en Asie centrale. Alix, Enak, secondés par Luctérius un légionnaire gaulois, s’embarquent pour Byblos, une première étape avec pour seul guide un individu qui n’inspire confiance à personne avec son air fourbe…
On peut regretter que la situation politique et les raisons du retour de César, de son coup de force, ne soient pas mieux explicitées. Cependant, ce sont d’abord les aventures d’Alix et non celles de César que Géraldine Ranouil met en scène. Elle s’appuie, pour structurer son intrigue, sur des événements authentiques comme le passage du Rubicon par César et le périple d’un des plus grands conquérants de l’Histoire, Alexandre qui étendit son empire jusqu’à l’actuel Afghanistan. Elle concocte un récit tout en tension avec la longue interrogation sur la réelle personnalité du prisonnier. L’auteur détaille, dans cet album, un long voyage initiatique pour Alix vers une contrée où il n’était jamais allé.
On retrouve avec plaisir les deux héros récurrents de la série, toujours animés des mêmes sentiments d’altruisme, d’humanisme et de générosité vis-à-vis de leurs contemporains. Bien sûr, la conclusion, après moult rebondissements, péripéties et coups de théâtre, fort bien orchestrés d’ailleurs, reste dans la ligne de la série, à savoir le triomphe du bon droit et de la justice. Mais, n’est-ce pas réconfortant dans cette période où seuls les voyous paradent dans les fenêtres cathodiques, dans les médias qui leurs donnent de larges temps de parole ?
Le dessin est confié à Marc Jailloux. Celui-ci a été remarqué par le directeur de la collection Jacques Martin pour la réalisation, scénario et graphisme, des Oracles le quatrième épisode d’Orion, une série initiée par Jacques Martin. Il reste fidèle au créateur d’Alix, se coulant dans sa façon de dessiner, multipliant, au fil de l’album, les hommages à travers scènes et vignettes.
Un album très agréable à découvrir tant pour un scénario inventif (dans le cadre du cahier des charges !) et d’un graphisme très proche de celui du créateur de la série. Une continuité attractive.
serge perraud
Géraldine Ranouil (scénario), Marc Jailloux (dessins), Corinne Billon (couleurs), Alix t. 32 : « La dernière conquête », Casterman, avril 2013, 48 p. – 10,95 €.