Et le rêve se transforme en cauchemar
Peter James a su trouver un très nombreux public avec la commissaire Roy Grace de la police criminelle de Brighton.
Avec ce roman, il fait des infidélités à son héroïne pour un récit presque intimiste, presque un huis clos.
Ce samedi 20 octobre un couple termine la visite d’une maison neuve sous la conduite d’une commerciale quand arrive Paul Jordan, l’agent immobilier qui s’excuse pour le retard. La femme est introuvable. La semaine suivante, Emily et Jason Danes visitent la même maison avec Paul Jordan. Ils sont séduits et l’achètent sur le champ. Il est artiste peintre et commence à avoir une belle renommée locale. Elle est à la tête d’une entreprise de traiteur.
Depuis leur maison, en face du 47, Claudette et Maurice guettent les nouveaux venus qui emménagent. Ils ne seront plus les seuls habitants du quartier.
L’installation de Jason et Emily, avant Noël, les réjouit. Ils fêtent cela en faisant l’amour sur le nouveau canapé, sous les yeux d’un Maurice transformé, contre son gré, en voyeur. Mais cette télévision connectée qui se met en marche de façon inopinée, gâche leur retour du 7e ciel. Claudette et Maurice ressentent comme une présence qui refroidit leur atmosphère, au point de s’interroger sur le chauffage.
Et pourquoi ce fumeur de cigare disparaît-il quand Maurice, qui fume une cigarette en cachette de son épouse, s’approche.
Et les incidents, les événements troublants se succèdent. Ils apprennent que le lotissement est construit sur les ruines d’un château, théâtre de drames. Et c’est…
Le récit est porté principalement par deux couples qui vont devoir affronter des situations auxquelles ils n’étaient pas préparés. Le romancier flirte alors avec un fantastique incertain, introduisant fantômes et revenants. Mais est-ce du fantastique ou sost-ce les acteurs de l’histoire qui perdent la tête, sont victimes de visions, voire d’hallucinations ?
Et puis, ces anciens drames ne font-ils pas naître des fables. D’où vient cette assertion qui se propage et qui affirme que les habitants de ce petit coin de terre ne dépassent pas quarante ans ? C’est l’âge que va avoir Jason bientôt. Cependant, Claudette et Maurice ont largement dépassé cette limite. L’ambiance s’alourdit.
L’auteur joue avec toute une gamme de péripéties, mêlant réalité, rêves, illusions, émois, troubles, sentiments ambigus. Il renoue avec des éléments de La Maison des oubliés (Pocket — 2020) avec un thème proche de la maison hantée. Mais il prend pour cadre une maison moderne équipée de toutes les technologies de pointe en matière de domotique et non plus le vieux manoir isolé au fond d’un immense parc.
Il met en scène des personnages aux profils bien cernés, avec des motivations différentes, entre des retraités qui souhaitent un certain cadre de vie et des jeunes adultes qui ont à construire et conforter une situation professionnelle.
James concentre son intrigue sur quelques jours autour de Noël et de sa magie, déroulent ces événements déstabilisants tant pour les uns que pour les autres jusqu’à un dénouement surprenant amené de belle façon.
Un roman attractif qui se lit avec un grand plaisir.
serge perraud
Peter James, 47, allée du lac (The Secret of Cold Hill), traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Maït Foulkes, fleuve noir, coll. “Policiers & Thrillers”, septembre 2022, 400 p. – 21,90 €.