Philippe Thirault & Mig, Glacé — d’après Bernard Minier

La pre­mière enquête de Mar­tin Servaz

Une val­lée encais­sée dans les Pyré­nées en décembre sert de cadre à l’intrigue ima­gi­née par Ber­nard Minier. C’est le pre­mier roman publié par l’auteur et donc le pre­mier épi­sode de la série des enquêtes du com­man­dant de police Mar­tin Ser­vaz. Celui-ci est un per­son­nage aty­pique dans la mesure où il res­semble au com­mun des mor­tels. Il est hypo­con­driaque, déteste la mon­tagne, est sujet au ver­tige… Sa fille Mar­got, une ado­les­cente, lui cause quelques sou­cis.
L’auteur lui concocte une belle série d’énigmes avec un tueur en série, nor­ma­le­ment enfermé dans un éta­blis­se­ment de haute sécu­rité mais dont on retrouve l’ADN sur les scènes de crime. Il met en scène la ven­geance qui accom­pagne une vague de sui­cides d’adolescents et des indi­vi­dus à la per­son­na­lité réelle bien dissimulée.

À Saint-Martin-de-Comminges, dans les Pyré­nées, une équipe de main­te­nance de l’usine hydro­élec­trique arrive sur la pla­te­forme du télé­phé­rique et découvre un étrange cadavre.
Au SRPJ de Tou­louse, Mar­tin Ser­vaz est contacté par Cathy d’Humières, une pro­cu­reure qui le charge de l’enquête sur ce meurtre. Sur les lieux, il est confronté a une car­casse de che­val éven­trée. Il manque la tête.
Sur la route ennei­gée, la doc­teure Diane Berg, spé­cia­liste en psy­cho­lo­gie, arrive à l’Institut War­gnier, où elle a été recru­tée il y a un mois. Elle vou­drait loger à l’institut pour ren­for­cer son effi­ca­cité et sur­tout étu­dier Julian Hirt­mann, un tueur en série. Il aurait quelque qua­rante crimes à son actif en Suisse.

Ce che­val tué appar­tient à Éric Lom­bard, un richis­sime entre­pre­neur, mais un grand phi­lan­thrope pour la val­lée dont il est ori­gi­naire. Cette mon­ture était sa pré­fé­rée. Il par­tage les inves­ti­ga­tions avec la capi­taine de gen­dar­me­rie Irène Zie­gler.
Per­sonne n’a rien remar­qué. Est-ce une ven­geance ? Qui peut en vou­loir à ce bien­fai­teur ?
Et les choses se corsent quand un jog­geur trouve, pendu par des sangles à un pont, le phar­ma­cien de Saint-Martin…

Philippe Thi­rault dis­po­sait d’une matière pre­mière consé­quente avec un roman de 560 pages. Certes, de nom­breuses des­crip­tions de la val­lée, des pay­sages pou­vaient être écar­tées car trai­tées par l’image. Mais, il réus­sit de belle manière à concen­trer les diverses intrigues dans le for­mat de 112 pages de l’album. Il fait res­sor­tir les points forts du récit, les rap­ports entre les pro­ta­go­nistes et donne une image tan­gible du héros.
Le gra­phisme a été confié à Mig. Il retient un des­sin semi-réaliste, un décou­page rigou­reux et une mise en page mul­ti­pliant les com­bi­nai­sons de 8 ou 9 vignettes sépa­rées par un cadre assez épais. Cette pré­sen­ta­tion a le mérite d’isoler l’image pour en ren­for­cer la vision. Sa mise en cou­leurs uti­lise prin­ci­pa­le­ment le blanc, le bleu, le gris et le sépia. Il pri­vi­lé­gie les gros plans de per­son­nages mais donne le dyna­misme néces­saire aux scènes d’actions.

Le duo d’auteurs réa­lise une belle adap­ta­tion d’un roman qui a mar­qué l’univers du thril­ler lors de sa sortie.

serge per­raud

Phi­lippe Thi­rault (scé­na­rio d’après le roman de Ber­nard Minier) & Mig (des­sin et cou­leurs), Glacé, Phi­léas, sep­tembre 2022, 112 p. – 19,90 €.

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