Viktor Scott, la fille d’un magnat de Los Angeles, a été victime d’une tentative de viol. Lors de cette agression, elle a reçu un coup violent sur la tête qui l’a rendu totalement sourde et amnésique pour les événements de cette nuit-là. Elle pratique, pour se distraire, le cambriolage de haut-vol. Viktor a engagé Juanita Jones, une détective, pour découvrir ce qui lui était arrivé cette fameuse nuit et qui s’en est pris à elle.
De jeunes et jolies femmes sont assassinées. Leurs corps, mutilés sont mis en scène comme les playmates du mois. Le tueur a commencé par Miss Janvier. Il en est à Miss Mars. L’inspecteur Clegg Jordan, un policier talentueux est sur l’affaire, ce qui déplaît à Ariel Samson, un jeune enquêteur très ambitieux. Clegg mène une double vie avec Juanita alors que son épouse se pelotonne dans les bras d’Ariel. Viktor reçoit des messages anonymes. Si le premier restait vague, le second est explicite : « Si vous voulez son nom, ce sera cent mille dollars. »
Alors que la police piétine, la jeune femme se demande où trouver une telle somme. Elle pense soudain aux amis de son père, de richissimes hommes d’affaires. Son choix se porte sur l’un d’eux. Mais, cet “emprunt” va déclencher une série de réactions en chaîne qui se révèlent dangereuses pour tous…
Ce second tome engendre plus de questions qu’il n’apporte de réponses. L’histoire s’étoffe, se complexifie, les suspects se multiplient et le tueur est plus présent bien qu’il échappe, encore, à ceux qui le traquent. Après la mise en place de son décor, dans le premier volet, la présentation du cadre et des personnages, le scénariste, ici, approfondit l’enquête menée par la police et, par ricochet, celle de l’héroïne. Outre le conflit entre la vieille et la jeune génération de détectives, l’auteur détaille les turpitudes des composantes de cette société. Il revient sur la face hypocrite de cette humanité bien-pensante, posture de façade qui en masque les bassesses. Desberg expose les tentatives de ceux qui ont réussi financièrement à se construire une réputation sans tâche, celle d’individus parvenus où ils en sont par la seule force de leur travail. Or, la célèbre phrase que Balzac, dans Le Père Goriot, selon laquelle à l’origine de toute fortune il y a un crime, nourrit les fictions, mais se vérifie tous les jours… dans l’actualité.
Le scénariste ressuscite avec talent, l’atmosphère des sixties, met en scène toutes les composantes de cette époque, des voitures de légende, aux accessoires, l’habillement des femmes… Stephen Desberg excelle à faire découvrir une certaine image des USA à travers des récits en tension. Le dessin d’Alain Queireix, en la matière, est fort adroit et réaliste. Il signe un graphisme d’une belle élégance, avec des personnages féminins d’une grande beauté, des décors et des angles de vues classiques mais efficaces.
Une série au sujet attractif avec de belles images et une très bonne histoire. Que faut-il de plus ?
serge perraud
Stephen Desberg (scénario), Alain Queireix (dessin), Kattrin (couleurs), Miss Octobre, tome 2 : « La morte du mois », Editions Le Lombard, coll. « Troisième vague », juin 2013, 48 p. -