“Quand je ressens un mois de novembre dans mon âme, je retourne dans ma mer natale. Quand l’avenir me fait trop peur, je retourne dans ma mer natale. Quand je perds ma route ou mes forces, je retourne dans ma mer natale” écrit Roberto Denti.
Pour lui, retrouver Catane est un moyen de replonger dans une mer patrie car aucun lieu sur la Terre n’ a autant sculpté son âme que là où le pays de la lave noire rencontre la Méditerranée.
Existe là pour le photographe sicilien “une orgie de gloire”. Et il s’y sent proche des enfants de Gaza, Haïfa, Beyrouth ; bref de ceux qui ont appris à renoncer à la perfection et à subir la splendeur et la misère, la béatitude et la dureté du monde.
Il enseigne à son fils comment franchir la frontière entre la Terre à laquelle nous appartenons et l’immense silence de l’étendue marine où chacun peut se lancer mais sans survivre longtemps.
Ces photos rappellent ce qui est et ce qui fut dans un espace chéri et dangereux. Mais elles sortent parfois de l’eau, pour aller jusqu’à Catane, ses processions, son marché aux poissons, son bazar et son histoire d’économie transnationale et d’exil, d’industrie et de nostalgie.
Toutes ces prises témoignent d’un effort pour survivre dans un pays où rien n’est parfait. Mais devant la tendre indifférence de la mer, source de chutes et d’exaltation, tout semble encore possible.
jean-paul gavard-perret
Antonio Denti, Il mare originario, 2022, www.instagram.com.