À l’occasion du centenaire de la naissance de Simon Hantaï (1922–2008), la Fondation Louis Vuitton organise une importante exposition rétrospective de l’œuvre de l’artiste (du 18 mai au 29 août 2022).
D’origine hongroise, Hantaï s’installe à Paris en 1948, ville où il réalise l’ensemble de son œuvre, d’une fécondité et d’une originalité exceptionnelles, qui le conduira à représenter la France à la 40 ème Biennale de Venise en 1982.
L’artiste Simon Hantaï — qui peignait en « aveugle » en pliant ses toiles puis les recouvrant de peinture dans une floraison de couleurs et de blancs — fait éclater aussi sa foi profonde.
Il avait choisi en 1982, à 60 ans, de se replier lui-même hors du monde. D’une intégrité radicale, l’artiste venait de représenter la France à la Biennale de Venise et s’était vu imposer la présence, à côté de ses toiles, de sculptures de Toni Grand. Il ne supportait plus les compromissions avec les institutions, le marché de l’art.
Ce livre met en exergue la série entamée en 1960, les « Mariales » . Elle marque une révolution dans son œuvre. Revenant à des essais de pliage expérimentés quelques années plus tôt, l’artiste en déduit la « méthode » qui va guider son travail jusqu’à sa nouvelle série, les « Tabulas ».
Après avoir fait des nœuds sur le dos de la toile, selon une trame précise, il la recouvre d’une seule couleur, plus rarement de plusieurs. Une fois dépliée, la toile révèle une succession de rectangles, séparés par des lignes blanches, correspondant aux surfaces restées en réserve de la couleur.
Soulignant les liens entre fond, couleur et forme, cette méthode soumit la peinture à une remise en cause fondamentale.
jean-paul gavard-perret
Anne Baldassari, Simon Hantaï, L’exposition du centenaire, Gallimard, coll. Livres d’art, Paris, 26 mai 2022, 368 p. — 25, 00 €.