Prince Valiant est le fils du roi de Thulé. Avec quelques fidèles, ils sont en exil depuis douze ans, chassé par Sligon le tyran. Pour l’heure, Prince Valiant, appelé également Val, revient à Camelot pour avertir Arthur de l’invasion projetée par les Saxons. Parce qu’il est le seul à connaître les marais où aura lieu l’affrontement, il est invité au conseil de guerre avec la fine fleur de la chevalerie. Il propose un plan audacieux qui amène à la victoire. Il est adoubé chevalier sur le champ de bataille. Val, son père et ses compagnons s’embarquent pour Thulé, bien décidés à retrouver leur patrie et leur rang. La reconquête se fait sans bataille, car Sligon, épuisé, veut retrouver la paix dans son Angleterre natale.
La vie reprend son cours. La fille du Tyran, “oubliée” par son père, cherche à séduire Val qui reste fidèle à son unique amour. Mais un tel héros ne peut rester inactif. Il s’ennuie et décide de devenir chevalier errant. Il punit des brigands, lutte contre le temps. Alors qu’il est dans une auberge, un messager surgit pour annoncer que Rome est aux mains d’Attila. Il part pour combattre à nouveau, rejoint la dernière forteresse tenue par le prince Camoran. Après des mois de combats acharnés, la citadelle tombe. Val est le seul survivant. Il reprend la route et fait la connaissance de Slith, “voleur et cambrioleur, jongleur et acteur, chanteur et magicien”. Ils se lient d’amitié, partagent de multiples aventures, tant guerrière qu’amoureuses…
Hal Foster débute sa carrière par l’illustration, en dessinant des articles pour des catalogues de vente par correspondance. Pour des nécessités financières, il aborde la bande essinée. Il commence en 1929 avec la mise en images des premières aventures de Tarzan. Cependant, il voudrait travailler sur ses propres histoires et propose une épopée médiévale. Son projet, accepté, voit le jour en février 1937. Hal Foster scénarise, dessine, colore les aventures épiques de son héros jusqu’en 1971, quand l’arthrite l’oblige à renoncer au dessin. Il continue, cependant, l’écriture de scénarii, la mise en couleurs, pendant neuf ans.
Il crée un héros, au sens noble du terme, tel qu’il se concevait à l’époque, un chevalier sans peur et sans reproche… enfin presque ! Celui-ci n’hésite pas, selon les nécessités de sa mission, à “emprunter” le cheval d’une dame ou à tromper pour arriver à ses fins.
Hal Foster donne un rythme trépidant à ses récits, passant d’une action à l’autre, d’une quête à une bataille en l’espace d’une planche. Il écrit des scénarii toniques, plein de bruits et de fureurs, auquel il mêle cependant beaucoup d’humour. Par exemple, quand il met en bas de vignette : “Quant à Sligon, il était sincère lorsqu’il disait vouloir la paix, preuve en est qu’il a abandonné femme et enfant.” Il met son expérience et les techniques de l’illustration au service de ses planches. Il explore nombre de méthodes pour alléger ses vignettes, car il doit réaliser une planche hebdomadaire sur laquelle il passe, en moyenne, entre cinquante et soixante heures. Il délaisse les nombreuses hachures destinées à créer une tonalité et utilise toutes les possibilités de la couleur. Il s’affranchit des bulles, plaçant textes narratifs et dialogues en bas ou en haut des vignettes. Il privilégie un dessin réaliste, soucieux des détails, construit des personnages toujours bien proportionnés, des décors précis et fouillés, des vêtements et accessoires tout à fait conformes.
Une fresque épique devenue un classique tant par la richesse de son graphisme que par les aventures effrénées qui sont racontées.
serge perraud
Hal Foster (scénarii, dessins et couleurs), Avant-propos de Mark Schultz, Prince Valiant, « Intégrale volume 2 », Soleil, coll. « Soleil US Comics », mars 2013, 112 p. – 24,95 €.