Antonio Denti et les Indiens du Canada
En 2021, des archéologues ont découvert plus de 200 corps dans des tombes anonymes près de l’une des écoles canadiennes gérées par l’église.
Cet épisode est considéré comme l’un des chapitres les plus honteux de l’histoire du Canada : des années 1880 à la majeure partie du XXe siècle, plus de 150 000 enfants indigènes auraient été enlevés de force et internés dans les soi-disant pensionnats pour les assimiler et les christianiser en les extrayant de leur famille, de leur culture et leur tradition.
Au début d’avril 2022, diverses délégations d’Autochtones canadiens se sont rendues au Vatican pour demander les excuses du pape François pour les terribles abus qu’ils ont subis dans ces pensionnats. Si bien que The Long Way Home est une histoire de survie profonde.
Antonio Denti a suivi pendant leur séjour ces émissaires. Vêtus de costumes traditionnels, ils ont attendu tranquillement sous la colonnade de Saint-Pierre que leurs dirigeants sortent après avoir rencontré le pape.
Celui-ci a exprimé sa désolation — ce qui a déclenché des chants et des danses chez les Indiens au cœur du christianisme et de sa Basilique. Denti s’est senti proche de ces visiteurs dont la plupart étaient sortis des pensionnats en victimes perdues et détruites. Ils ont commencé à se reconstruire en remontant aux racines de leur identité.
“Ils l’ont maintenue en vie comme une bougie allumée dans le vent, contre toute attente, contre l’histoire, la violence d’État, le colonialisme, de la manière la plus forte possible” dit le photographe, et de conclure : “Ils ont plus que survécu.” Ses photos en témoignent.
jean-paul gavard-perret
Antonio Denti, The Long Way Home (More Tha Survivors) / Le Long Chemin du Retour (Plus que des survivants), Cité du Vatican, 2022.