Envoûter le réel
Sonia Elvireanu propose ses illuminations dans un chant aussi discret prégnant au milieu de réel là où “un chat / blanc et noir // flâne / sur le toit // respire le silence / secoue son ombre // et descend / doucement du toit”.
Et tout est à l’avenant.
Les paysages interfèrent entre l’extérieur et l’intérieur là où le silence se heurte aux murs et aux pavés.
Le tout à l’épreuve du temps, ses saisons et la routine des jours et dans un travail de condensation et d’extrapolation.
Contre la mélancolie qui laisse toujours désemparé à la tombée de la nuit comme au lever du jour, l’écriture permet l’accès à la vie scintillante, à une mobilité et une dynamique ici-même, ici-bas.
Ces “ensoleillements” ne se contentent donc pas de dresser un état des lieux mais d’ouvrir le monde qui est comme transcendé en une structuration sourde que le lyrisme ne vient pas entacher ou enrober.
Avec leurs contrepoints si discrets, si simples et émouvants des vers de Sonia Elvireanu s’instruit une histoire troublante d’incarnation imparable.
Existe là une écriture des racines les plus profondes, les plus secrètes.
Mais la créatrice les passe sous silence afin que son pouvoir d’envoûtement du réel soit encore plus opérant.
jean-paul gavard-perret
Sonia Elvireanu, Ensoleillements au coeur du Silence — Scintilli nel cuore del Silenzio, Traduction de Giuliano Ladolfi, Giuliano Ladolfi Editore, Borgomanero No, 2022, 262 p.- 18,00 €.
Quelle belle surprise pour un poete de se percevoir par la lecture du critique Jean-Paul Gavard-Perret!
Mes remerciements chaleureux pour son texte dense qui sait en peu de mots dire l’essentiel de la vision poetique.