Dans ces oeuvres presque complètes, celui qui peut être reconnu comme le dernier des surréalistes fait traverser soixante années d’écriture poétique du Puits de l’ermite (1959) à Quand aux inédits de 2020. Dans un tel éventail existe forcément une disparité de fond et de forme.
Poèmes en vers ou en prose, récits, “écoutes nocturnes”, exercices lexicographiques ou anaphoriques, jusqu’à un Traité de numérologie ouvrent le monde à coup d’autobiographie très approximative, de considérations autant eschatologiques que scatologiques.
Le tout et on l’aura déjà compris en parfaite liberté et en concision joyeusement organisée.
Jean Claude Silbermann ne prétend pas toutefois aux révolutions surréalistes classiques. Moins ambitieux, il reste un des plus vrais et justes des membres du groupe auquel il appartint pendant les dix premières années de son travail.
Cette “anthologie personnelle” demeure bien celle de l’auteur lui-même. Et il y décline ou plutôt exhausse le miel de son approche.
Qui a le bon goût de le goûter y découvrira la “substantifique moelle” de cette propédeutique à tout ce qui échappe à la chasteté comme à la mise en châsse ou au tombeau.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Silbermann, Passerelle d’oiseaux, Le Grand Tamanoir, 2022, 214 p. — 20,00 €.