Avec ce nouveau roman, la quatrième enquête de la commissaire Maxime Tellier, appelée Max, la romancière aborde le sujet de la justice, celle rendue par l’institution officielle.
La commissaire Maxime Tellier est en disponibilité depuis quatre mois pour éviter un burn out. Ses collègues prennent régulièrement de ses nouvelles. C’est en rentrant d’une soirée arrosée avec Jeanne qu’elle trouve, en ouvrant sa porte, un faire-part de décès, celui de Christian Mallard. Une messe sera célébrée dans trois jours à l’église de Saint-Louis de Grenoble. Or, elle ne connaît aucun homme de ce nom.
Au matin, l’esprit plus clair mais singulièrement intriguée, elle mène quelques recherches, téléphone à la paroisse…
Elle décide d’aller à Grenoble pour en apprendre plus. Là, personne ne connaît le défunt. Toutes les instructions pour les cérémonies ont été données dans des enveloppes contenant l’argent liquide nécessaire. Seule une jeune paroissienne, connue du prêtre, semble bouleversée. C’est en regardant la composition florale que l’esprit de Max a du mal à saisir ce que voient ses yeux : “L’ordalie a parlé, Christian a échoué. Max Tellier.” Mais qui est dans ce cercueil ? Le corps sera incinéré avant toute tentative d’identification.
Enzo, mis au courant, lui suggère de demander le concours de quelqu’un qui, dans son entourage, est réputé aimer les histoires tordues. Elle appelle Antoine Brémont, capitaine du DSC (Département des sciences du comportement). Après quelques pseudos-tergiversations, il accepte et ils commencent à enquêter en dehors des procédures officielles.
Ce qu’ils vont découvrir, peu à peu, malgré les complications, va les placer dans une situation bien difficile…
Certains individus peuvent estimer que la justice légale est mal rendue par ceux qui sont les garants du droit. Ils jugent alors qu’il est de leur devoir d’en pratiquer une plus juste pour punir des criminels qui, pour une raison ou une autre, ont échappé au châtiment.
L’auteure introduit l’ordalie, une pratique connue aussi sous le nom du jugement de Dieu. Cette forme de procès, surtout à caractère religieux, mettait le présumé coupable face à une épreuve souvent mortelle, dont l’issue était donnée par une divinité. Si l’accusé était innocent, elle venait à son secours et l’aidait à surmonter l’épreuve. Pratiquée depuis des temps immémoriaux, elle a fleuri en Egypte pour déterminer, entre autres, le degré de noblesse d’un bâtard en le jetant dans le Nil. En Europe, l’ordalie verra son apogée de l’époque franque jusqu’au milieu du Moyen Âge.
Sandrine Destombes reforme le duo Maxime Tellier-Antoine Brémont, ce capitaine de gendarmerie, profileur, avec qui elle a fait équipe dans L’Arlequin (Hugo-Poche — juin 2021). La vie sentimentale de Max a été un désert suite aux traumatismes subis dans son enfance jusqu’à une rencontre qui s’est bien mal finie. Brémont a eu son épouse et son enfant massacrés il y a quelques années. Ces deux naufragés sentimentaux s’approchent, s’observent, se respirent dans une chorégraphie qui esquisse un flirt.
L’intrigue est originale dans la mesure où les deux enquêteurs doivent trouver les traces des victimes avant celles du ou des criminels.
L’histoire, menée avec brio avec un art narratif certain donne une belle vision du thème, de son approche par une galerie de protagonistes avançant sur un fil conducteur peu usité, même si le sujet de la justice personnelle a déjà été abordé.
serge perraud
Sandrine Destombes, Le Dernier procès de Victor Melki, Hugo coll. “Thriller”, octobre 2021, 384 p. – 19,95 €.