Audrey Allwett, Christophe Arleston & Mini Ludvin, Le Grimoire d’Elfie – t.02: “Le Dit des cigales”

Direc­tion la Provence…

Elfie est une fillette délu­rée de onze ans. Elle a deux sœurs, Magda, douze ans, et Louette qui en a dix-huit. Leur mère, Mélu­sine, qui pra­ti­quait la magie n’est plus là depuis l’incendie de leur mai­son. C’est dans cet incen­die que Magda a perdu une jambe rem­pla­cée par une pro­thèse. Si elles ont été pla­cées chez leur tante, Elfie et Magda sont sous la garde de leur aînée depuis qu’elle est majeure.
Celle-ci a acheté un bus anglais qu’elle a trans­formé en librai­rie ambu­lante. Elfie pos­sède un gri­moire, donné par sa mère, qui lui per­met, sous condi­tion, de pra­ti­quer la magie.

Pour l’heure, elles arrivent en Pro­vence chez Alis­tair Kin­loch, un ami de leur mère. C’est elle qui l’a poussé à écrire, lui a offert une machine à écrire de col­lec­tion, une Under­wood n°5. Ainsi il a publié Quatre sai­sons en Pro­vence, devenu un best­sel­ler. Mais Alis­tair a quelques sou­cis. Sa pro­prié­taire, Madame de Roque­fa­vour lui réclame plu­sieurs mois de loyers alors qu’il paye régu­liè­re­ment. On a tiré à la che­vro­tine sur son por­tail.
Elfie est sur le toit à regar­der les étoiles quand elle entend des coups. Une sil­houette cagou­lée cloue une affiche sur les volets. Elle tente de le pour­suivre… sans résul­tats. Sur l’affiche, le texte “Gare au Dit des cigales” amène Alis­tair à racon­ter ses ennuis. Outre les che­vro­tines, il a eu sa mai­son enva­hie par des chats noirs, des traces de sabots de bouc sur sa ter­rasse, un pentacle san­glant sur le car­re­lage et… on lui a volé son Under­wood, le ren­dant inca­pable d’écrire. Elfie décide d’enquêter pour connaître celui qui s’acharne contre Alistair…

Après la Bre­tagne, c’est au tour de la Pro­vence de rece­voir la visite de ce trio déton­nant. Comme dans le tome pré­cé­dent, les héroïnes découvrent les tra­di­tions et la magie de la région. Les auteurs mettent en scène une gale­rie de per­son­nages pit­to­resques, qui attirent la sym­pa­thie ou font office de repous­soir. Mais, sou­vent une atti­tude revêche n’est qu’une pro­tec­tion et lorsque la cara­pace est per­cée, il se révèle une per­sonne bien agréable.
Les scé­na­ristes dévoilent un peu plus l’histoire de Mélu­sine, leur mère, par le biais de son ami, mais laissent pla­ner encore beau­coup de mys­tères. Bien sûr, Elfie occupe le devant de la scène et tient son lec­teur en haleine avec ses enquêtes et la manière bien par­ti­cu­lière de les mener. C’est gai, le pro­pos est enlevé, les dia­logues pétillent et l’humour est tou­jours très présent.

Les auteurs empruntent de belle manière à la culture popu­laire et lui rendent hom­mage. Ainsi, les Quatre sai­sons en Pro­vence, le suc­cès d’Alistair se rap­proche beau­coup d’Une année en Pro­vence, réel best­sel­ler de Peter Mayle. La visite de L’Isle-sur-la-Sorgue est tou­chante. Ils ajoutent un conteur, la légende du diable en sabots, celle des chats noirs et uti­lisent quelques vocables locaux bien poé­tiques
Le pré­nom Alis­tair ne doit sans doute rien au hasard. Il y a dans le domaine de l’ésotérisme un indi­vidu por­teur du même pré­nom mais qui ne s’est pas tou­jours illus­tré de brillante façon.

Le des­sin semi-réaliste, tout en ron­deurs, est l’œuvre de Mini Lud­vin qui donne une belle qua­lité à tous ses per­son­nages. Elle les anime avec beau­coup d’énergie et pro­pose des sil­houettes bien adap­tées aux pro­ta­go­nistes. Les décors sont superbes et son goût du détail amène des pré­ci­sons fort plai­santes.
La mise en cou­leurs chaudes d’Hélène Lenoble fait mer­veille pour res­ti­tuer la lumière de la région.

Bien que cette série vise un public jeune, elle séduit toutes les tranches d’âge. Ce second tome est très plai­sant à décou­vrir pour sa frai­cheur, sa tona­lité, pour son his­toire attrac­tive emme­née par une héroïne si « trognon ».

serge per­raud

Audrey All­wett (scé­na­rio), Chris­tophe Arles­ton (scé­na­rio), Mini Lud­vin (des­sin) & Hélène Lenoble (cou­leurs), Le Gri­moire d’Elfie – t.02 : Le Dit des cigales, Bam­boo, label Dra­koo, novembre 2021, 80 p. — 15,90 €.

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