Narrativité au travail
Ce qui est direct, « simple » est le plus compliqué. « L’image la plus simple n’est jamais une simple image » rappelle Georges Didi-Huberman.
Nathalie Perrin le prouve en donnant la priorité à l’intelligence et l’esprit d’analyse sur l’émoi, l’affect et le sentimentalisme. Quoique.
En effet, tout ce qui est de l’ordre de l’affectif se découvre dans ses schèmes colorés. Ils ne se limitent pas pour autant au geste, au minimalisme et encore moins à la caricature.
La Suissesse sait en effet que la caricature n’appelle qu’une satire pernicieuse car trop peu porteuse de substance.
Son travail d’ironisation va moins vers la démystification, dans l’esprit d’un Kossuth. Il renouvelle une forme d’art conceptuel dans un retour sur la nature linguistique de l’art en tenant compte des éléments employés pour sa construction. L’art prend le sens par la figuration de ce qui est habituellement des outils inscriptions ou d’information non sans travail ici de remplissage et de la coloration.
Le support n’est donc plus une loque à masquer mais un écran. L’objectif de chaque pièce est de faire corpus en mettant à nu la mécanique de divers types de références.
Plutôt que de parler de déconstruction de l’image, il faut insister plutôt sur la présence d’une autre narrativité dans ce travail. Nathalie Perrin la débarrasse d’éléments superfétatoires pour que n’y subsistent que des signes logiques en divers réseaux mais où “l’âme à tiers” de l’inconscient refait surface.
jean-paul gavard-perret
Nathalie Perrin, Traversées, Galerie Heinzer-Reszler, Lausanne, du 29 octobre au 4 décembre 2021.