Secouer les consciences apaisées
A lui seul, Jacques Cauda est un Etat-nation dont les administrés réunis ici sont redevables à sa constitution et son principe d’ “incivilisation”.
Dans leurs diversités, ils sont fiers de se retrouver introduits dans l’aristocratie du maître qui — sous ses images “sangsuelles” — est tout sauf un dictateur.
Il défait facilement sa ceinture fantasmatique lorsqu’une demoiselle espère qu’il usera à son égard de sa physique appliquée et de sa mécanique des fluides. La salive de ses peintures et de son encre arrose aux bas des échines les fleurs qui se laissent envahir et besogner. Aucun fossé pour lui n’est de trop.
Le vert galant fluidifie par dilatations non seulement temporelles et causales mais “caudales” certains essaims sans le moindre ascèse picturale ou verbale.
Nul interlude dans ses interventions intempestives et, ici, ses invités lui en savent gré. Bien qu’ils n’aient parfois rien en commun, ils sont fascinés par celui qui peut cliver par ses détartrages. Sur les oreillers de sa rébellion, en insomniaque rêveur il trame des histoires moites qui submergent et rendent ridicules les comités Théodule et les algorithmes des pensées rétractiles des sagesses officielles.
C’est pourquoi, en fidélité au grand ordonnateur démonstratif, les auteurs réunis proposent eux aussi leurs moments d’effroi pour secouer les consciences apaisées.
Chaud dedans !
jean-paul gavard-perret
Collectif, Le Rapport Cauda, éditions Tarmac, Nancy, 2021, 90 p.