Didier Ayres, Cahier, “Fragment XXII ou Spiritualité”

LCahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour sup­port un cahier Conqué­rant de 90 pages à petits car­reaux; il est manus­crit jusqu’au moment où je l’écris de nou­veau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la pos­si­bi­lité don­née à l’écrivain de, tout en par­lant de lui, tenir un dis­cours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des prin­cipes d’identification aux­quels je prête foi.

Frag­ment XXII ou Spi­ri­tua­lité 

Un che­min per­son­nel ? Dans le monde étrange de la pen­sée. Sans elle pas de trem­ble­ment dans la réa­lité, mais une immo­bi­lité mor­bide.
Temps, parole, liai­son du som­meil des choses au tra­vail de la divi­nité. Divi­nité qui exerce un ordre, une charge sur l’esprit humain.

Rien sans la pointe de feu de l’intelligence. Une com­pa­cité sans visions. Un mur mort. Une demeure froide. Pas de signes. Pas de mou­ve­ments.
Le règne absolu de ce qui colle aux événements.

Aucun ins­tru­ment pour qua­li­fier ce que pos­sède l’âme, celle-ci consi­dé­rée comme fai­sant par­tie inté­grante de la sub­jec­ti­vité, de la croyance, de l’étonnement, de sa puis­sance, de sa topo­lo­gie indé­fi­nie et infi­nie et même tou­chée par une cou­leur, âme rouge, âme blanche.
Le lan­gage est tou­jours plus vaste. Ainsi, qua­li­fier l’âme de por­ter une cou­leur, grâce au jeu magni­fique que la langue, l’idiome, jette sur des réa­li­tés par­tiales, un ton, un éclai­rage, des réa­li­tés qui s’évoquent nues.

L’âme est une per­sonne nue. Expres­sion de la racine, de la ner­vure de l’arbre, comme l’être humain les connaît en une sorte d’hiver, de dénue­ment, de parole hiver­nale, dépouillée.
Pen­ser c’est donc ins­crire, arrê­ter un ins­tant pour savoir si ce que recouvre la conten­tion en une espèce d’ankylose gagne le sujet.

Visant la spi­ri­tua­lité, dès lors, le recueille­ment se pro­duit. Sans que rien ne vienne expli­quer pour­quoi.
Spi­ri­tua­lité toute entière tautologique.

Que sais-je d’autre ? Que le monde sans doute est conduit par la méta­mor­phose des êtres, sortes de papillons engon­cés dans le cocon friable de la réa­lité. Nulle véri­table méca­nique mais plus des rituels, des accès à plus grands, à plus pro­fonds, plus simples aussi — pau­vreté non pas de l’expression mais de l’intention sou­ter­raine.
Humi­lité probablement.

L’âme ne se défi­nit que parce qu’elle est le sup­port d’un lien. Condi­tion faite aux artistes par exemple.
Les­quels doivent être sus­cep­tibles de péné­trer les mys­tères. L’âme par exemple. 

Didier Ayres

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