Quand démons et humour font bon ménage
À Surin l’immortelle, outre la population habituelle d’une capitale, on trouve une académie de l’Occulte et des démonistes. Depuis hier, il s’est formé une faille ouverte sur une dimension terrifiante. Les plus terribles démons invoqués par Orthas, le meilleur des démonistes, échouent à la combler. De plus, elle s’agrandit. Informé, le roi s’inquiète. C’est la reine qui évoque Vlad le gladiateur. Il fut, semble-t-il le meilleur démoniste du royaume avant de disparaître.
Malgré le peu d’enthousiasme dont fait preuve Orthas, le roi lui ordonne d’aller le chercher. Alors qu’à l’aube, l’expédition franchit les murailles, Tillie, une jeune femme s’invite avec énergie dans la troupe. Elle a été, selon des ménestrels, le grand amour de Vlad, celle pour qui il a risqué sa vie dans l’arène.
Lorsque le lieu de retraite de Vlad est découvert, après une longue quête et une terrible bataille, le groupe découvre le démoniste dans un coma profond. Il est protégé par un démon majordome intransigeant…
Ce premier volet du diptyque met en place rapidement les bases de l’intrigue et entre dans le vif du sujet, à savoir un récit fantastique mettant en scène un univers où les démons vont et viennent. Le ton général est à la fois horrifique et humoristique. Les dialogues sont pétillants, fleurant le bon mot, la réflexion décalée, pour le plus grand plaisir de la lecture. C’est vivifiant !
Les situations restent cependant tendues mêmes si des contenus de l’intrigue sont cocasses, voire servis avec une certaine ironie. La pression se maintient car les décès sont fréquents et plutôt brutaux.
Les personnages sont bien construits et jouent leur partition avec talent. Le scénariste fait preuve d’une belle imagination tant pour les rebondissements que pour le bestiaire démoniaque. Les dessins de GeyseR renforcent le climat initié par le scénario, avec une galerie de monstres du plus bel effet, de magnifiques décors et une expressivité des personnages, même lorsque ceux-ci ne sont pas humains.
Il privilégie d’ailleurs les gros plans. Il faut traquer les détails souvent ironiques, facétieux, semés dans les vignettes comme cette reine assise sur son trône et qui… tricote une sorte d’écharpe. C’est à Gibie qu’il échoietla mise en couleurs, tache dont elle s’acquitte avec brio, usant d’une palette brillante, vive, haute en intensité.
Un premier tome que l’on prend grand plaisir à découvrir pour le ton général du récrit, ses péripéties enlevées et son graphisme d’une grande qualité.
serge perraud
Olivier Gay (scénario), GeyseR (dessins) & Gilie (couleurs), Démonistes — t.01 : Vlad, Bamboo, label “Drakoo”, février 2021, 48 p. – 14,00 €.