Sur la plage ou ailleurs
L’exposition pose une question simple. Les photographes y répondent de manière sinon compliquée du moins circonstanciée. Le voyage, le tourisme ne sont pas estompés. Et quoi de plus normal ?
Même s’ils sont souvent vilipendés lorsqu’ils sont de masse.
Mais, dans nos temps d’empêchement, le répit estival reprend tout son sens. Bernard Plossu, Denis Roche l’ont longtemps pratiqué et le second lui a donné des accents particuliers et plurivoque.
Aux cotés de leurs clichés, les photos de Beatrix von Conta, François Deladerrière, Pierre de Fenoÿl, André Forestier, Rip Hopkins, Géraldine Lay, Philippe Pétremant présentent cette vacance selon une carte blanche qui leur est accordée. Ils exposent des oeuvres inédites plus ou moins récentes.
La perception de l’été offre en conséquence des “objets” de substances diverses, tant par les angles de prise que le sujet, la couleur ou le noir et blanc. Mais un cliché de William Klein transcende l’exposition car à lui seul il “dit” de manière sensuelle et technique ce que l’été et l’image font et fondent.
Divers nœud borroméens créent un lointain dans le proche, une proximité dans un horizon où les êtres ne sont parfois que des ombres mais aussi parfois de beaux abcès de fixation, hors les murs ou dedans.
Le réel fait souvent effet de métaphore tant sa marque indélébile est transformée. La consistance réaliste disparaît dans ce qu’elle devient en tant que symptôme ou asymptote poétique chez de tels créateurs.
Ils ouvrent le cadrage de ce qui est la réalité comme du simple fantasme. Ils tournent et manipulent ce qui résiste dans les deux cas.
Bref, chaque créateur révise le rapport que le regardeur entretient avec le monde.
jean-paul gavard-perret
Collectif, C’est quoi l’été pour vous ?, Galerie Le Réverbère, Lyon, jusqu’au 2 janvier 2021.